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Reboot and Co – La nouvelle Mode d’Hollywood

Par Geouf

Après les innombrables suites, après les remakes en pagaille, Hollywood s’est récemment trouvé une nouvelle façon de produire des films sans trop se fouler: faire des reboots. Le reboot, c’est le nouveau truc à la mode pour faire de l’argent facile en prétendant donner de la qualité au public et en faisant semblant de justifier l’opération artistiquement.

Reboot and Co – La nouvelle Mode d’Hollywood

Alors le reboot, qu’est-ce que c’est ? En gros, ça consiste à la base à prendre une saga cinématographique un peu poussiéreuse ou tombée dans le ridicule, et à la faire repartir de zéro, faisant table rase de tout ce qui a pu arriver dans les films ayant précédé. La différence avec un remake est assez ténue, mais tient surtout au fait qu’un reboot a souvent tendance à plus s’éloigner du déroulement du film d’origine, et qu’il s’applique plus à une saga déjà longue de plusieurs films (même si le terme est maintenant appliqué à tout et n’importe quoi comme on le verra par la suite). Cette nouvelle mode est née en 2005, lorsque Christopher Nolan a relancé avec brio la saga Batman avec son excellent Batman Begins. Un reboot qui se justifiait largement à l’époque, le caped crusader ayant été bien abimé par les deux opus fluo et gay friendly réalisés par Joel Schumacher. De plus, le personnage avait disparu des écrans depuis le flop de Batman et Robin, donc un retour commençait à s’imposer. Devant le succès à la fois public et critique d’un film présentant la jeunesse et les débuts de Batman (chose que n’avaient pas fait les films précédents), les autres studios hollywoodiens n’ont pas tardé à s’engouffrer dans la brèche.

Un an plus tard, c’est donc au tour de James Bond de faire son grand comeback sous la direction de Martin Campbell, dans l’excellent Casino Royale. Encore une fois, dans ce cas le reboot n’était pas vraiment une hérésie, la saga du célèbre espion britannique ayant été mise à mal par les débordements portnawak de l’ère Brosnan. Daniel Craig campe donc un James Bond jeune et inexpérimenté, encore capable de compassion et d’amour, chien fou fonçant dans les ennuis sans trop réfléchir avant d’agir. De nouveau, le film est acclamé à la fois par le public et la critique, ce qui vient confirmer les certitudes des studios : les gens veulent des reboots et surtout des reboots plus sombres et matures.

En 2008, Louis Letterier emballe donc L’Incroyable Hulk, à la fois suite et reboot du Hulk d’Ang Lee qui avait reçu un accueil plutôt mitigé en 2003. Le film n’est pas un reboot pur en cela qu’il passe assez rapidement sur les origines du héros, déjà explicitées dans le film précédent. Mais il ne s’agit pas non plus d’une suite directe, puisque toute l’équipe est différente, que ce soit le réalisateur ou les acteurs (Edward Norton remplace Eric Bana, on perd Jennifer Connely au profit de Liv Tyler), et que le film ne fait pas référence aux événements décrits dans son prédécesseur. Au final, Louis Leterrier s’en sort avec les honneurs, même si le film est loin d’être inoubliable et plus transparent que le long métrage à moitié expérimental d’Ang Lee.

Reboot and Co – La nouvelle Mode d’Hollywood

En 2009, c’est J. J. Abrams qui s’y colle avec Star Trek, cette fois véritable reboot de la célèbre odyssée galactique. L’intérêt de ce sympathique reboot, c’est qu’au lieu de renier le reste des films et la série TV en racontant de nouveau la formation de l’équipage de l’Enterprise telle qu’on la connait, il prend le parti de créer une réalité alternative permettant dès lors toutes les variations possibles et imaginables sans avoir à trahir trop le matériau d’origine. Une bonne idée qui s’avère payante malgré le côté « vite vu, vite oublié » du film et lui assure un gros carton au box office, même en France où le culte de Star Trek est quasiment inexistant.

Reboot and Co – La nouvelle Mode d’Hollywood

Suite à ces succès en chaine, il n’aura pas fallu longtemps pour que les annonces de reboots en tous genres se bousculent, et que l’on tombe dans le n’importe quoi généralisé, propre à vite lasser même le plus patient des spectateurs. Ces dernières semaines ont donc été riches en annonces en tout genre, la plus retentissante ayant été à coup sûr celle du reboot surprise de Spider-Man. Petit rappel des faits. En 2007 sort sur les écrans Spider-Man 3, toujours réalisé par Sam Raimi. Comme les deux premiers opus, le film est un succès, mais Raimi le renie à moitié, Sony lui ayant imposé l’apparition du personnage de Venom, qui ne l’intéressait pas du tout. Du coup, le réalisateur s’offre une petite parenthèse ludique en 2008, et réalise l’excellent Jusqu’en Enfer, avant d’accepter de replonger dans l’univers de l’homme araignée. En 2009 est donc annoncée la mise en chantier de Spider-Man 4, toujours avec Sam Raimi aux commandes, qui commence immédiatement à plancher sur le script. Mais là encore, des dissensions naissent rapidement entre Raimi et Sony, le réalisateur souhaitant utiliser comme méchant soit le Lézard (choix logique puisque le personnage du Docteur Connors a été introduit dès le premier épisode), soit le Vautour. Des méchants pas assez impressionnants pour le studio, qui commence à faire pression sur le réalisateur, jusqu’au moment où celui-ci annonce que John Malkovich sera officiellement l’incarnation du Vautour à l’écran. Un coup de poker qui constitue le mot de trop pour les pontes de Sony, qui à leur tour annoncent avec fracas quelques jours plus tard que le film est annulé et qu’à la place ils feront un reboot de la saga (le rachat de Marvel par Disney n’étant pas étranger à cette annonce, puisque Sony risquait de perdre les droits du personnage s’ils ne mettaient pas rapidement un nouveau film en chantier). Mais du coup, c’est le pauvre spectateur qui va payer pour ces histoires de gros sous, puisqu’il va bientôt devoir se retaper les origines du personnage (certes adaptées de l’univers Marvel Ultimate plutôt que des comics des années 60, mais on ne voit pas en quoi cela sera bien différent), avec un nouveau réalisateur qui n’a pas vraiment fait ses preuves (Marc Webb qui n’a à son actif que quelques clips et la gentillette comédie romantique 500 Jours ensemble) et de nouveaux acteurs, alors que la vision du personnage par Sam Raimi était plutôt appréciée, et que le premier film n’a même pas dix ans !

Et depuis ce spectaculaire revirement, il ne se passe pas un jour sans qu’un nouveau reboot ne soit annoncé. Sont donc prévus Daredevil (pas un mal pour le coup, vu le niveau du film de Mark Steven Johnson), Superman sur lequel la Warner aimerait bien appliquer la formule magique de Christopher Nolan (Mark Millar serait aussi intéressé, ainsi que Louis Leterrier), un reboot (ou un second remake) de Massacre à la Tronçonneuse, ou encore  Mr and Mrs Smith (là on tombe carrément dans le n’importe quoi et l’utilisation abusive du terme de reboot, vu que le film de Doug Liman a à peine 5 ans et qu’il a bien marché au box office !).

Dernière annonce en date, pas plus tard que cette semaine, en prévision du futur rachat de la licence Terminator, le scénariste William Wisher (co-scénariste des deux premiers films) propose un semi-reboot de la saga. Il proposerait en effet d’écrire deux suites à Terminator 2, en oubliant les épisodes 3 et 4. Pas une mauvaise idée en soi, bien que j’avoue avoir un certain attachement pour Le Soulèvement des Machines (par contre ils peuvent en effet oublier le pitoyable film de McG). Mais encore une fois, comment faire pour que le public suive et ne se perde pas dans les méandres scénaristiques de ce feuilleton à rallonge ?

Reboot and Co – La nouvelle Mode d’Hollywood

Au final, comme toute bonne idée, le principe du reboot a rapidement été perverti par les studios pour se transformer en effet de mode pour avoir l’air cool et pour donner l’illusion de s’intéresser aux désirs du public. La réalité est bien entendu toute autre, puisque c’est une fois de plus un moyen pratique de faire du pognon sans trop se fouler. Reste que pour le moment, la plupart des reboots arrivés sur les écrans étaient (plutôt) justifiés et réussis, mais cela ne devrait plus durer très longtemps. On espère donc de tout cœur que cette mode va très rapidement passer, ou que les studios feront attention à produire des œuvres de qualité, même s’il s’agit probablement d’un vœu pieu malheureusement…

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