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Comment la France va tuer le thon rouge

Publié le 12 février 2010 par Thedailyplanet

Le thon rouge est le principal prédateur de la Méditerranée, c'est une espèce des eaux tempérés, un poisson migrateur à sang chaud qui peut peser jusqu'à 800kg. Son aire de répartition est la Méditerranée où il vient pour se reproduire, et l'Atlantique Nord jusqu'au Golfe du Mexique. Tout a empiré à la fin du siècle dernier. Le Japon a augmenté sa demande en thon rouge avec l'arrivée sur le marché de plats encore plus raffinés que les sushis: les sashimis. Du coup, flairant le bon filon commercial, la France (avec d'autres pays) ont développé des dizaines de fermes aux thons et construit une très importante flotte de pêche au thon rouge. Les pêcheurs capturent ces thons rouges vivant en les encerclant avec un énorme filet (la senne pour les connaisseurs, d'où le nom de thoniers senneurs pour nommer ces pêcheurs), puis ils traquent leur butin à l'aide d'un remorqueur jusqu'à une ferme à thon où ils seront engraissés avec des farines animales. Chaque prise équivaut à 200 tonnes de thons (soit un butin estimé à 1 millions d'Euros) et il faut à peu près 8 mois pour engraisser un thon capturé. Celui-ci est alors abattu, congelé, et exporté vers le Japon pour 80% d'entre eux (le reste étant destiné au marché européen). Aujourd'hui, le thon rouge est en train de disparaître et c'est pourquoi il est urgent d'agir. Il ne reste en effet que 14% de la population d'origine sachant que les quotas officiels de pêche sont de 15000 tonnes par an.... mais que les thoniers senneurs pêchent en moyenne 60000 tonnes de thons par an ! Une telle situation n'a été rendue possible qu'avec la complicité de l'ICCAT (dépendant des Nations Unies qui gère la pêche des espèces de thonidés présents dans l'Atlantique et en Méditerranée) qui depuis des années, malgré les cris d'alarme des scientifiques, continue à fermer les yeux sur la pêche pirate et le non respect des quotas. Ce que demande les organisations environnementales, c'est l'indexation du thon rouge sur l'annexe 1 de la Cites (Commission Internationale chargée de protéger les espèces menacées d'extinction et dont la menace repose sur le commerce international) qui permettrait l‘interdiction totale et internationale du commerce de thon rouge. La France a aujourd'hui accepté de soutenir la proposition d'indexation de cette espèce ... mais se donne 18 mois pour le faire, soit le temps nécessaire pour que le thon rouge soit éradiqué définitivement de la planète ! Bruno Lemaire, ministre français de l'agriculture et de la pêche, œuvre d'ailleurs en coulisse avec les thoniers-senneurs pour qu'il n'y ait pas de moratoire internationale sur la pêche au thon rouge.  Une pétition de Greenpeace (disponible à cette adresse : http://www.greenpeace.fr/thon-rouge/) a été mise en ligne pour maintenir la pression sur l'Etat français afin qu'il engage a imposer et en urgence  un moratoire MAINTENANT. Quant à ces « pauvres pêcheurs » de thons rouges, quoi qu'ils en disent, ils ne seront pas vraiment à plaindre sachant que chaque prise de 200 tonnes de thons rouges équivaut à  1 million d'Euros (combien seront gagnés sur la totalité de la saison pour arriver aux 60000 tonnes annuelles), et sachant qu'ils exploitent des pêcheurs sénégalais et ghanéens pour un salaire de misère ! De plus, les grands chefs cuisiniers français se sont engagés en janvier à ne plus proposer de thon rouge sur leur carte. Même les grandes enseignes de distribution ne proposent plus cette espèce de thon sur leurs étals. C'est pourquoi, en tant que citoyen, nous devons tous interpeller tous ceux qui commercialisent ou qui proposent sur leur carte ce poisson. Ils doivent s'engager à boycotter officiellement le thon rouge tant que les stocks de renouvellement de l'espèce ne seront pas revenus à 100% de leur population d'origine. Si nous n'agissons pas maintenant pour le thon rouge, il n'y aura bientôt plus aucun poisson à se mettre sous la dent lorsque nous voudrons manger des sushis ou des sashimis. Moralité: TOUCHE PAS A MON THON !

Neo Anderson, The Daily Planet


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