Enfin, l'oeuf se brisa. Pip, pip, dit le petit en roulant dehors. Hans Christian Andersen
Les publicitaires passent des messages racistes ? Faut pas confondre publicité et xénophobie !
Jubilation extrême pour la toute petite fille italienne que j'étais ! Je suis tombée sur le premier épisode de la pub avec Calimero, seul poussin noir dans une portée de jaunes. Le voilà qu’il vient juste de naître et cherche désespérément sa maman. En effet, Cesira, une poule padouane ne le reconnaît pas parce qu'il est noir. Et le petit Calimero affronte le monde avec la moitié d'une coquille d'œuf sur la tête. Heureusement Ava, la lessive qui lave plus blanc que le blanc, est là pour le sauver. Parce que Calimero n'est pas noir, mais sale.
C’est une très vieille pub en noir et blanc ou plutôt une réclame, née en juillet 1963 de la plume de deux graphistes italiens, Nino et Tony Pagot. Elle a eu un succès planétaire et les épisodes en couleurs qui ont suivi (environ 300), ont été doublés en plusieurs langues.
Et voilà que je retrouve Calimero avec une polémique qui l'accompagne. Et oui, puisqu'aujourd'hui, en Italie, on lapide cette pub en parlant de la discrimination du poussin noir. On cite des lieux communs comme la couleur de ses plumes ou la région de provenance de sa maman poule.
Caliméro, une publicité raciste ? Ça n'a jamais effleuré l'esprit de personne. À l’époque les enfants étaient attendris par le petit Calimero, les mamans couraient acheter la lessive en se répétant "Ava come lava ![1] Et les papas ramenaient de mini Calimero pour leurs enfants. En peluche ou en forme de porte-clé. D’ailleurs on en voyait partout, sur les T-shirts, les verres, les assiettes et même en train de faire la balançoire devant le parebrize de la voiture. C'était une pub qui a marqué une génération. Autres temps, autres mœurs, dirait Cicéron ! À cette époque, on ne voyait pas le mal partout et on ne stigmatisait pas tout et à tout va. Pas de paranoïa. Même les intellos ne cherchaient pas la petite bête derrière chaque mot. Les techniciens de surface s’appelaient balayeurs, les hôtesses d’accueil, standardistes et les personnes à mobilité réduite, handicapés. Personne ne se sentait froissée. Et une pub c'était une pub. Blanc ça voulait dire propre et un publicitaire ne faisait que vendre de la lessive sans y glisser de messages racistes, même pas un tout petit ou sublimale.
Comment on réagirait aujourd'hui à l'histoire du vilain petit canard, thème romantique du génie incompris ? « Il était grand et laid ». Ohlala ! Lui aussi une victime de la discrimination ? À l’époque du politiquement correct on efface les mots, on voit de l’incorrect partout, on devient paranoïaque et même ennemi de la liberté. Mais laissez tranquille mon Calimero, seul personnage propre d'une bien sale polémique.
Notes
[1] "Ava, qu'es-ce qu’elle lave bien !"