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"Géorgie, Kazakhstan... nous misons sur des pays où peu d'investisseurs s'aventurent"

Publié le 12 février 2010 par Sylsol
Après avoir bondi de 77% en 2009, les actions des pays d'Europe de l'Est possèdent toujours du potentiel, estime François Théret, gérant de Natixis Emerging Europe Fund. Pour accroitre son avance sur ses concurrents, il sort des sentiers battus en investissant en Géorgie, au Kazakhstan ou dans des secteurs en plein boom comme la pharmacie.
Capital.fr : Les marchés d'Europe de l'Est affichent des hausses de près de 100% en un an... une bulle n'est-elle pas en train de gonfler ?
François Théret : Même après leur rebond, les valorisations des actions des pays émergents d'Europe restent attractives : elles s'échangent à environ 8 fois les résultats attendus en 2010, soit une décote de plus de 20% par rapport à leurs multiples historiques. Cette zone pourrait bénéficier d'un effet de rattrapage par rapport aux autres pays émergents, qui se paient beaucoup plus cher : 12 fois en Asie et même 15 fois en Amérique Latine. Une aubaine, alors que la croissance sera très dynamique : les résultats des entreprises de cette zone devraient bondir de 28% cette année.
Capital.fr : Les problèmes de la Grèce ne risquent-ils pas de doucher votre optimisme ?
François Théret : Les déboires financiers de la Grèce sont certes préoccupants, mais l'aide de l'Union européenne devrait calmer les craintes d'un éventuel défaut. Et le risque de contagion aux pays européens en voie de développement est limité : la majorité d'entre eux ne sont pas aussi endettés (à hauteur de 75% du PIB en Hongrie par exemple, contre 120% pour la Grèce). Pour autant, après une année 2009 où le rebond des marchés émergents a été généralisé, il va falloir être plus sélectif et éviter les économies fortement endettées comme les pays Baltes ou l'Ukraine.
Capital.fr : Comment organisez-vous votre portefeuille pour tenir compte de ce risque ?
François Théret : Nous restons particulièrement positifs sur la Turquie et la Russie. En Russie, la progression de l'activité devrait dépasser les prévisions des économistes grâce notamment à la vigueur des prix de l'énergie. Les cours de l'or noir ont un impact marqué sur l'économie russe : une hausse de 20 dollars du baril, c'est 4 points de croissance du PIB en plus. Nous privilégions aussi la Pologne, dont les exportations, principalement orientées vers les pays d'Europe Occidentale, devraient profiter du redressement rapide de l'Allemagne. Nous réalisons aussi des paris plus risqués, notamment sur les valeurs bancaires kazakhes qui sont largement sous valorisées. En adoptant cette stratégie, nous pensons pouvoir faire mieux que notre indice de référence en 2010. Nous nous sommes en effet différenciés des autres fonds en misant sur des marchés au potentiel peu connu tels que le Kazakhstan, la Géorgie, la Roumanie et nous sommes démarqués des secteurs traditionnels que sont les matériaux de base, l'énergie et les banques en investissant par exemple dans des groupes pharmaceutiques comme le russe Pharmstandard ou le turc Eczacibasi Ilak.
Capital.fr : Cette stratégie n'est elle pas dangereuse ?
François Théret : Miser sur les pays émergents est évidemment risqué. Mais notre stratégie de diversification en multipliant le nombre de pays, de secteurs et de titres nous permet de limiter le danger. Au vu des perspectives de croissance et des faibles valorisations des actions, ce serait une erreur de ne pas investir dans les marchés d'Europe émergente.
(Thomas Le Bars - Capital - 12/02/10)

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