L’enterrement des baby-rockers

Publié le 10 février 2010 par Acrossthedays @AcrossTheDays

Hier, j’étais à un concert de ce qu’il restait des « baby rockers » parisiens que nous vendait Rock’n folk et Phillipe Manoeuvre, il y a de cela deux ou trois ans, à longueur d’articles et d’interviews élogieuses et baveuses : les Plastiscines, les BB Brunes, les Naast, les Second Sex ou encore les Shades si je me souviens bien. Ce qu’il reste de cette scène ? De ci de là, les Naast sont devenus lanceurs puis vendeurs de fourchettes à la sauvette, les Second Sex sont retournés dans leur années 60 avec Simone de Beauvoir et, malheureusement, on a du déclencher le dispositif « Alerte Enlèvement » pour retrouver les Shades disparus de la circulation. Les Plastiscines, elles, sont toujours là, en chair et en os, en concert au Royaume-Uni, dans Gossip Girl et enfin sur le tout nouveau label New-Yorkais Nylon Record. En gros, le seul groupe de cette scène française rock’n roll ayant réussie à traverser les frontières est un groupe de quatre filles. Ironie, quand tu nous tiens.

BB Brunes, le groupe poète  aura été le seul groupe vivable, commercialement j’entends, de cette période aussi courte que vide musicalement. Les seuls groupes rock qu’on pourra retenir de cette période seront ceux, non pas qui auront été signés à la va vite par des labels croyant détenir le filon commercial, mais ceux qui auront trimé pendant pas mal de tournées partout en France jusqu’à sortir des albums qui valaient le coup d’être écoutés. En gros, The Dodoz, Stuck in The Sound ou encore Neimo. Au moins, ces trois groupes auront enfin donné à la France une image rock potable. Le tout en anglais.



Pour la petite histoire, je suis donc allé voir les Plastiscines hier soir. Et à la fin du concert, deux choses me sont venues à l’esprit. Tout d’abord, un mot : c’était « marrant ». Le concert en lui même était « marrant », « sympathique », « divertissant ». De la même manière que vous allez voir Avatar pour voir un film pas prise de tête, divertissant, distribuant à la pelle des archétypes bien connus de tout vivant avec quelques explosions et un happy end un peu moraliste, vous pouvez aller voir les Plastiscines pour voir mater quelques filles balançant des riffs rock sympathiques tout bougeant un peu la tête histoire de traduire le côté rock’n roll de la chose.. La différence restera qu’on ne vous proposera ni siège ni pop corn. Ensuite, une image m’est venue à l’esprit :

Un tube à essai dans un désert. Révolutionnaire.

Un tube (je n’ai trouvé qu’un tube à essai, toutes mes excuses) : Barcelona. Le désert : l’album des Plastiscines, About Love. En effet, une seule chanson est sortie du lot, Barcelona. Sur cd, c’est le même constat. Le reste de l’album ressemble un peu à une soupe mais une soupe bien produite et faite avec amour. Une galette bien produite parce que les Plastiscines se sont entourées  de, excusez du peu, Butch Walker, le monsieur producteur de Pink et Avril Lavigne. J’en viens même presque à penser que le remix de Barcelona par Lifelike est mieux que l’original. Si ça vous dit, c’est par ici.

Tout ça pour dire que la « nouvelle » scène française qu’on nous présentait il y a environ deux ans sous toutes les coutures et notamment comme la réponse de la France aux Arctic Monkeys et autres Kooks anglais, est belle et bien morte et enterrée. Il n’en reste plus qu’un groupe de mecs délivrant des paroles estampillées RTL2 & chanson française et un groupe de blondes débarquées à New York,  plus faites pour des séries teenagers que pour la composition d’albums. Pour en finir avec les comparaisons foireuses, nous voici en présence d’un groupe pour les victoires de la musique et un autre pour les podiums de mannequinat. Bien joué.

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