Un récent entretien téléphonique avec Malika Boudellal, "ethno-muséographe" indépendante et partenaire du cabinet Espitalié consultants, m'a fait m'interroger sur le sens d'effectuer des stages au cours de sa scolarité. Un peu tard pour y penser, me direz-vous, quand on a soi-même fini ses études et fait 5 stages! Toujours est-il que, ne m'étant pas encore désinscrite, je continue de recevoir des alertes mail du site Profilculture et que les offres de stage qu'on y trouve me semblent bien plus nombreuses que les années précédentes...
Au cours de notre discussion, j'ai eu le malheur de placer le mot "stage", qui a quelque peu fait sortir Mme Boudellal de ses gonds. En effet, la consultante émérite est littéralement contre les stages et défend avec vigueur l'idée qu'ils ne servent à rien. Son point de vue est que ce statut correspond à du travail dissimulé : "Je ne réponds jamais à une demande de stage. En revanche, si un jeune me demande du travail, là, je m'assois et je parle avec lui".
Parce que tout travail mérite salaire, un étudiant devrait donc se positionner par rapport à la mission qu'il souhaite effectuer, au cours d'une période de mise en pratique des enseignements professionnels qu'il a reçus... et donc prétendre à un "vrai" salaire. Le stage tel qu'on l'entend aujourd'hui, lequel doit correspondre à une réelle expérience de travail, ne devrait peut-être plus s'appeler comme tel. Pourtant, au vu des alertes que je reçois quotidiennement, nombreuses sont les structures qui proposent des stages de courte ou longue durée, indemnisés ou non (selon les dispositions légales en vigueur) et qui n'ont pas peur de formuler leurs demandes comme de réelles offres d'emploi. Et croyez-moi, en ce moment il y a beaucoup plus d'offres de stages que de postes à pourvoir !
Tout ça pour dire que, nous autres étudiants avons depuis longtemps accepté ce système, ce "passage obligé" qu'est le stage, en vue d'acquérir la sacro-sainte "expérience professionnelle" dont nous avons besoin et par conséquent remplir notre précieux CV. Certains d'entre nous, qui ont connu l'époque des stages gratuits, se sont même estimés heureux de recevoir 400€ par mois ! Alors oui, les stages sont absurdes, le statut de stagiaire peut parfois même être humiliant... mais ils sont inscrits dans l'ordre des choses. Et comme il ne faut pas se plaindre de ce qu'on accepte, nous perpétuons année après année l'idée qu'un stagiaire peut très bien remplacer une personne recrutée en CDD. S'il y avait une Malika Boudellal dans chaque entreprise ou structure, peut-être n'en serions-nous pas là et que le travail des jeunes serait davantage valorisé... même dans le secteur de la Culture et du Patrimoine, où il-n'y-a-pas-d'argent-c'est-bien-connu !
Ressources en ligne :- LOI n° 2009-1437 du 24 novembre 2009 relative à l'orientation et à la formation professionnelle tout au long de la vie- Génération-Précaire.org