Tragique troupier

Publié le 15 septembre 2009 par Popov

Si vous n'êtes guère tenté par les passions félibriges du nouveau Directeur de l'Opéra et insensible aux mélodies pourtant remarquables de Mireille , si la Provence de Mistral vous laisse de calcaire (de Crau) l'oeuvre importante de Gounod présentée à Garnier risque fort de vous décevoir. Ces trois heures de drame champêtre épuisent en dépit de performances individuelles comme celle  de Frank Ferrari , ancien footeux reconverti en chanteur lyrique qui tire , comme il peut, son épingle du champ de blé. Au même moment l'Opéra de Paris présente le Wozzek d'Alban Berg. La simutanéité des deux spectacles augure -t-elle de l'écart proposé par les deux directions (l'ancienne et la nouvelle)? La coincidence fait de Joel une sorte de Millet là où Mortier serait Andy Wharol. Mais peu importe...La reprise du Wozzek dans la mise en scène de Christoph Marthaler est superbe , contemporaine. Elle nous parle et trouve des résonances  à l'heure des suicides qui se multiplient dans l'actualité. Büchner , jeune homme mort trop jeune, spécialiste du système nerveux du barbeau a aussi disséqué l'âme humaine et les mécanismes de l'humiliation. Alban Berg a su restituer musicalement l'Idée" de l'oeuvre de l'auteur dramatique en jouant de scénarios musicaux qui ont fait la musique du siècle à  venir : atonalité, séries, utilisations de genres anciens comme la passacaille (un point commun avec Britten).Vincent le Texier et Waltraud Meier chantent à la perfection mais aussi jouent comme de vrais acteurs les situations de cette oeuvre difficile. 

Sans perdre un brin d'une émotion qui  dévaste.