On n'est pas forcément si bien servi par soi-même! Le Ballet de Lausanne, compagnie créee par Maurice Béjart en personne se produisait cette semaine à l'Opéra Garnier pour un hommage au fondateur. Il y a deux Béjart : le Béjart populaire, grand public , un peu suranné au regard de ce qu'est devenue la danse contemporaine et un jeune Béjart, qui sut dans les années soixante prendre le train de l'Avant-garde. C'est ce deuxième Maurice à qui rend hommage l'Opéra en accueillant la troupe suisse, en charge du répertoire et conservatrice du patrimoine. Au programme, les oeuvres révolutionnaires du maître comme "Sonate à trois" sur la musique de Bartok, "Webern Opus V" et les deux ballets phares que sont "Dialogue de l'ombre double" et "Le Marteau sans maître" (ballets accompagnés par l'Ensemble intercontemporain fondé par Boulez qui dirige ses propres compositions).
Hé bien c'est raté !
Des quatre oeuvres seule la troisième tient la scène . Notamment grâce à la performance d'Oscar Charkon et de sa jeune partenaire russe.
Le "Huis Clos" adapté de Sartre est poussif et ne convainc plus de sa "nécessité" . Les trois protagonistes de l'oeuvre originale pourraient raconter n'importe quelle histoire de trio. On se demande pourquoi avoir choisi un tel prétexte tant le geste est impuissant à traduire le malaise des personnages.
Le reste ressemble à une video de l'Ina en couleur portant sur l'esthétique des années soixante. Rien à voir avec l'hommage éblouissant rendu en décembre 2008 par les danseurs de l'Opéra de Paris au maître . (Le Ballet avait dansé alors l'Oiseau de feu, Serait-ce la mort? et le Sacre avec une élégance qui ne souffre guère la comparaison(voire article sur ce même blog).
Quand les gardiens du temple se transforment en gardiens de la révolution, ils deviennent parfois les fossoyeurs d'une oeuvre qui a pourtant une belle vitalité comme cela a été démontrée récemment.
Dommage.