Sous la baguette de Carlo Rizzi, et une distribution de rêve, le Don Carlo mis en scène par Graham Vick reprend des couleurs à l'Opéra de Paris. Parmi les interprètes de grands spécialistes de Verdi comme Giacomo Prestia qui incarne un Filippo II à la hauteur du personnage : père terrible, vieillissant, mauvais, égocentré dont le rejeton Don Carlo, (un peu dingue dans l'Histoire avec un grand H) cherche dans l'oeuvre à s'émanciper d'un père tyrannique qui lui a, de surcroît, piqué sa fiancé, Elizabeth, une française très en cour à Fontainebleau,et que le fourbe père accusera d'adultère bien qu'elle n'ait jamais "juré sa foi". Raison d'Etat oblige.Heureusement Don Carlo a un vieux pote Rodrigo duc de Posa en passe de devenir marquis et intime de son mauvais papa, que dis-je intime , machiavel de service dont le seul défaut est d'être mal vu par le Grand Inquisiteur, géant aveugle de 80 balais, prompt à l'autodafé, mauvais lecteur , et qu'il vaut mieux éviter de rencontrer dans les couloirs de Valladolid. Dans le livret inspiré de Schiller tout ce beau monde cultive sans engrais sa frustration. Un père non aimé de celle qu'il aime, une épouse déçue qui préfère son beau-fils,une servante de la reine qui se croit aimée de Don Carlos, un ami fraternel qui rêve peut-être d'autres sentiments, un Inquisiteur (qui les cumule toutes jusqu'à ne plus servir la justice de Dieu). Bref tout cela donne prétexte à une oeuvre posée, jubilatoire,où Stefano Secco,(Don Carlos) ténor éblouissant aux allures de Tim Roth, Ludovic Tézier("Baryton noble" comme jamais)Sondra Radvanovsky Elisabetta di Valois au vibrato impressionnant ou encore Luciana D’Intino Principessa Eboli , soprano Falcon au timbre si troublant (notamment quand elle attaque le tube "sarrasin" de l'Oeuvre) sans oublier l'Orchestre et le choeur de l’Opéra national de Paris
La version de l'Oeuvre n'est pas celle de Modène (les spécialistes de Verdi apprécieront) Pour les autres, cela fait un acte de moins,le premier(héritage de l'époque où il ne fallait pas désespérer les bourgeois qui dînaient après le spectacle).
Reste quand même 4h05 de spectacle avec 2 entractes
opéra de Paris Bastille / première le 11 février