Vous venez d'être effacé...
En effet, les services Blogger et Blogspot ont éradiqué de la Toile six des plus populaires blogs de musique, accusés de violer le droit d'auteur - des années d'archives et d'informations, volatilisées, d'une simple pression de bouton venant de Google. Ainsi, Pop Tarts, Masala, I Rock Cleveland, To Die By Your Side, It's a Rap et Living Ears se sont vus disparaître du web.
Le message envoyé est laconique : « Nous souhaitons vous informer que nous avons reçu une nouvelle plainte concernant votre blog. Après examen de votre compte, nous avons remarqué que votre blog a violé à plusieurs reprises les conditions d'utilisation de Blogger. » Bilan des courses, le blog est supprimé et Google vous remercie de votre compréhension... Pilule difficile à avaler pour les intéressés, d'autant plus que certains entretiennent des relations commerciales avec les majors, qui sponsorisent leur page avec des annonces publicitaires.
Quid des accords commerciaux et légaux ?
Mais nonobstant ces accords, qui permettent aux blogueurs de publier en toute légalité des titres, Google n'a rien voulu savoir. Cité par le Guardian, Bill Lipold, auteur de I Rock Cleveland, a tenté d'explique à Google « que tout ce que j'ai posté depuis, disons ces deux dernières années, soit a été fourni par une société de promotion, soit émanait directement de la maison de disque, soit de l'artiste ».
Sauf que de son côté, Google plaide le Digital Millennium Copyright Act, et rétorque que pour toute réclamation,
Oui, oui, on savait... mais bon... on s'en fiche
Pourtant, l'année passée, Google avait établi une réelle politique de lutte contre ces contrefaçons. À la manière de ce qui est fait sur YouTube, les billets incriminés seraient signalés et leur auteur aurait à charge de les supprimer. Mais on était à des kilomètres d'une suppression massive comme celle à laquelle on vient d'assister. En août dernier, Rick Klau, de Google expliquait que les blogueurs en musique constituent une grande partie de leurs utilisateurs - et que si des plaintes avaient bien été reçues, évoquant le DMCA, elles ne pouvaient pas viser tous.
Sauf que la leçon n'a pas porté ses fruits.
Maintenant, le parallèle est simple : avec l'arrivée prochaine - et facilement prévisible - de la promotion de livres numériques via des blogs (extraits d'oeuvres, ou oeuvres complètes), assistera-t-on ensuite à la même vague de destruction massive de blogs ? Guillaume Decouflet, cofondateur de Masala, résume ainsi la situation : « Google traite les blogueurs comme Big Brother. On tire d'abord, on pose les questions ensuite. »
On comparera sans peine cette situation à celle qui voit Google lui-même accusé de violer le droit d'auteur pour sa numérisation abusive d'ouvrages sous droits...