9,99 $. Pour un livre. Même numérique, cela ne convient pas du tout à Wilma Sanders, romancière intervenue dans les colonnes du New York Times. Au cours de l'année passée, l'ebook aura vécu avec Amazon des heures plus ou moins sombres. Parce que le vendeur en ligne a décidé que 9,99 $ était un prix attractif pour le client (mais peut-on lui donner tort), autant qu'il s'est aperçu que ce tarif lui permettrait de grignoter des parts de ce futur marché, il a provoqué chez les éditeurs des vagues de colère.
Parmi les réactions les plus excessives, celle de décider que les versions numériques sortiraient en retard de trois à douze semaines, par rapport au livre papier. C'est alors que la révolution blanche Apple passe par là, négocie avec les éditeurs et trouve un compromis sur des tarifs entre 12,99 $ et 14,99 $. MacMillan prend le pli, et contraint Amazon à appliquer cette tarification pour ses ouvrages. Et d'autres suivent immédiatement, comme Hachette USA pour ne citer que lui.
Mais prédire le comportement et la réaction des consommateurs reste le plus compliqué. Quand des Sony, Barnes & Noble et consorts font valoir que le tarif de 9,99 $ est celui qui attirera les clients, en leur donnant la possibilité d'acheter vraiment moins cher un livre, la résistance aux forces des éditeurs est grande. Surtout que ces derniers ont besoin de tels diffuseurs pour leurs oeuvres. Et l'on connaît bien les contradictions opposées au papier : pas de coût d'impression, ni de distribution, etc.
Les possesseurs de Kindle, outre-Atlantique, sont formels : pas question de se faire extorquer des dollars en plus, pour des produits qui sont moins coûteux à créer. Le débat n'a pas fini d'alimenter les conversations mondaines en somme. D'autant que les éditeurs assurent que les coûts de fabrication d'un livre (pour l'impression) et de distribution, sont assez faibles. Mark Compertz, vice-président exécutif chez Simon & Schuster pour le numérique : « Si vous souhaitez quelque chose qui n'ait aucune qualité, très bien, mais nous nous appliquons à créer de belles réalisations, quel que soit le type de livre. »
Douglas Preston, dont le roman Impact fut n°4 sur la liste des best-sellers du New York Times s'indigne : « Le sens du droit du consommateur américain est absolument étonnant. C'est une mentalité Wal-Mart [NdR : chaîne de (très) grandes surfaces] qui à mon avis est excessivement malsaine pour notre pays. C'est cette notion précise de ne pas vouloir payer le prix réel de quelque chose. » Et justement, l'ebook de Preston fit partie des sorties retardées, et les emails ont afflué, de la part de lecteurs mécontents, assurant qu'ils n'achèteraient plus jamais ses livres. Un impact véritable sur les ventes ? Cela reste à définir...
Reste alors l'alternative : le piratage, que les analystes voient clairement progresser, si les consommateurs rechignent à accepter la hausse future du prix des livres numériques.
L'une des expérimentations possibles serait de mettre l'ebook neuf à 14,99 $ et de le passer ensuite à 9,99 $ quand la version poche sortira. Mais tous les acheteurs ne sont pas séduits par ce type d'expérimentation, loin de là...