On ne peut être apôtres sans être les amis du Christ
C'est le sens de la pêche miraculeuse après une longue nuit d'échec. « Maître, nous avons peiné toute la nuit sans rien prendre, mais sur ton ordre, je vais jeter les filets. » Quand Jésus est là dans une vie, quand on prend au sérieux sa Parole, tout change, tout devient possible. « Hors de moi, disait Jésus, vous ne pouvez rien faire. » On pressent ici une des exigences essentielles de la mission : on ne peut être apôtres, témoins, que si nous sommes des amis de Jésus, des hommes et des femmes de prière, bien plus des êtres qui consentent à mettre leurs pas dans les pas de Jésus.
Isaïe est envoyé seulement quand il a fait, dans le Temple, l'expérience du Dieu trois fois saint, quand il a été ébloui par sa présence ineffable, quand Dieu lui a purifié les lèvres et lui a tout pardonné. De même, Pierre ne pourra être apôtre qu'après être tombé à genoux devant la sainteté de Jésus, près duquel il se découvre pauvre pécheur, et pourtant follement aimé, choisi, envoyé.
Que l'apôtre soit d'abord un homme de prière, saisi par le Christ, c'est une attente très profonde de notre temps. Les hommes de notre époque, disait le pape Jean-Paul II, demandent aux croyants non seulement de leur parler du Christ, de l'Évangile, mais, en un sens, de le leur « faire voir ». Notre témoignage serait appauvri si nous ne commencions pas d'abord nous-mêmes à contempler le visage du Christ afin de le connaître, de l'aimer, de vivre de sa vie afin de transformer de l'intérieur l'histoire qui nous est confiée.
« Laissant tout, ils le suivirent » : c'est la conclusion de notre évangile et le secret des vraies fécondités. L'important, dans nos existences, c'est de consentir peu à peu à nous désencombrer, voire à nous détacher de beaucoup de choses, à commencer par nous-mêmes, pour suivre Jésus, mettre nos pas dans les siens, en lui redonnant le « oui » de notre amour, à travers l'aventure et les aléas de nos existences.
(esprit-et-vie.com)