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Poulet ou poisson ? Quand la religion prend l'avion

Publié le 12 février 2010 par Laurelen
Poulet ou poisson ? Quand la religion prend l'avion Le chantage alimentaire des religions : on ne mange ni porc, ni boeuf dans l'avion. Ni dans les cantines scolaires à la Réunion. Bientôt, avec la grippe aviaire, on ne mangera plus de poulet non plus. Pourvu que l'église de scientologie n'interdise pas les légumes...
C'est un mauvais remake de "L'aile ou la cuisse". Les compagnies aériennes qui font la liaison Saint-Denis/Paris se jouent un autre film alimentaire, dont le titre est "Poulet ou poisson ?".
L'alternative des menus du ciel. Adieu, donc, veau, vache, cochon...

Adieu cochon

Adieu cochon, surtout. Fini la petite précision au bas des menus d'Air France dans les années 80 (finis les menus, d'ailleurs) : "Ce repas vous est garanti sans viande de porc".
Désormais, cela va de soi. Comme le coupe-ongles, le cochon est interdit d'avion. Le boeuf aussi. Bye, rougail saucisses, au-revoir, boeuf-carottes...
La raison de ce diktat alimentaire ? La religion, bien sûr. Il y a quelques années, les passagers musulmans ou tamouls avaient la possibilité de demander un menu spécial quand ils prenaient l'avion. Aujourd'hui, ils n'ont même plus besoin de se donner cette peine.
Les compagnies aériennes ont taillé dans le gras, et, pour éviter les ennuis, banni de leurs vols les viandes honnies par trois religions (le porc est aussi proscrit par les pratiquants juifs).
Quant aux autres, les athées, les "croyants mais pas pratiquants", les adeptes d'Athena ou de Valery Giscard d'Estaing (des cultes oubliés), il leur reste ce simple choix : poulet ou poisson ?

Colonisation de
l'espace public


Ca n'est pas grand chose. Juste un choix de bouffe dans un avion, un plateau-repas de toute façon indigeste.
Mais à l'heure où l'on débat de la burqa, où on emmerde le monde avec un débat sur l'identité nationale qui était censé séduire les électeurs du Front national, ce détail alimentaire veut dire beaucoup sur la façon dont les religions colonisent, de plus en plus, l'espace public.
Dans le même ordre d'idées, les cantines scolaires à la Réunion ne servent jamais ni porc, ni boeuf. Jamais.
Les enfants ont donc eux aussi ce choix : poulet ou poisson ?
Le Pirate n'a pas pour habitude de faire la promotion de l'armée, mais un forban de l'équipage se souvient que lors de son service militaire, au milieu des années 80, au SMA de Saint-Denis, les appelés musulmans ou tamouls avaient droit à un menu spécial, sans porc et sans boeuf. Mais les autres appelés n'étaient pas soumis à ce régime, et pouvaient manger de tout.
L'exception religieuse était respectée, la laïcité aussi. Aujourd'hui, l'exception religieuse alimentaire est devenue la règle dans l'espace public.
Et si on n'aime ni le poulet, ni le poisson ? Si sa religion personnelle exige qu'on mange des rillettes trois fois par jour ?
Les compagnies aériennes et l'école publique à la Réunion n'en ont rien à foutre. Et à cause d'elles, le fidèle cochonivore sera condamné à la damnation éternelle.
En enfer, un démon-serveur lui demandera avec un sourire carnassier : "Poulet, ou poisson ?".

Laurelen

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