Des fragments de sépulture royale

Le musée du Louvre vient d’acquérir deux fragments provenant du tombeau de Charles V et de Jeanne de Bourbon. Le tombeau des souverains qui était à la basilique de Saint Denis fut profané et détruit comme bien d’autres en 1793. Les seuls éléments qui subsistent sont le gisant du roi et une partie du décor conservés au Louvre et au Musée des Arts Décoratifs. La présentation faite dans le musée reconstitue la sépulture, on voit une photo du gisant du roi, la plus grande partie du décor, aujourd’hui disparu, est dessinée, les fragments existants s’intercalent dans cette présentation.

Charles V (1338 – 1380) règne au début de la guerre de cent ans et doit faire face à de nombreux troubles tels que la révolte parisienne dirigée par Etienne Marcel et les Jacqueries (des révoltes paysages). Il a laissé le souvenir d’un roi sage et avisé qui, avec l’aide de Du Guesclin, récupère presque tous les territoires conquis par les Anglais. C’est aussi le roi qui transforme la forteresse de Philippe-Auguste en un palais habitable et y installe sa bibliothèque. La maquette du palais de Charles V est d’ailleurs exposée à l’entrée du Louvre médiéval.

J’ai appris qu’il se fit construire trois tombeaux, un pour ses entrailles à l’abbaye de Maubuisson, un pour son cœur à la cathédrale de Rouen et le troisième pour son corps à la basilique de Saint Denis. Cette coutume des tombes multiples permettait au souverain d’être en lien avec plusieurs sanctuaires elle était aussi un rappel de la majesté et la puissance de la famille royale. Le roi était représenté entouré du faste de sa cour, on sait que n’importe qui pouvait accéder au roi à certains moments mais il restait sous la protection permanent de ses gardes, ce que Charles V faisait rappeler dans les représentations de la famille royale.

Le gisant de la reine a disparu, mais cinq éléments du décor du tombeau sont aujourd’hui rassemblés au Louvre. Il s’agit d’un des premiers exemples de tombeau orné avec une telle profusion de personnages, témoignage de l’architecture funéraire de l’époque.