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Sepet : La malaise et le chinois [Cycle Singapour, Malaisie]

Publié le 11 février 2010 par Diana
Sepet : La malaise et le chinois [Cycle Singapour, Malaisie]A la suite de la projection du prodigieux Mukhsin, l’enthousiasme de découvrir les autres films de Yasmin Ahmad était grand. La conférence menée de main de maître par Amir Muhammad a d’ailleurs accentué cette hâte. Nous voilà enfin au jour J, devant le fameux Sepet / Chinese Eye (2004), film qui a su conquérir le public malaisien.
Sepet : La malaise et le chinois [Cycle Singapour, Malaisie]A Kuala Lumpur, Orked, une jeune malaise et Ah Loon, un chinois, tombent amoureux. La trame est aussi simple que cela. Enfin simple l’aurait été dans un paysage où le mélange des cultures n’était pas un sujet tabou. Yasmin Ahmad décrit donc en premier lieu l’histoire d’amour peu conventionnel de deux visages de la Malaisie. Une Malaisie que l’on découvre riche de ces multiples communautés : malaise, chinoise, indienne, mais qui au fond reste très cloisonné, mélange de racisme, d’histoire et d’inconnu. Finalement Sepet, aurait pu seulement décrire l'aspect controversé de cette histoire d'amour, mais en réalité pas tant que cela. On découvre un visage différent de la Malaisie ; des familles acceptant, voir appréciant la différence au-delà des pressions sociales, des amis au début nourris de préjugés qui par influence s’ouvriront aux autres - cultures -. Keong, le meilleur ami d’Ah Loon en est le parfait exemple. Sa rencontre avec Orked fait évoluer son regard sur la communauté Malaise, il s’étonne de trouver des passions communes avec la jeune femme : le piano, les films de John Woo…
Sepet : La malaise et le chinois [Cycle Singapour, Malaisie]Yasmin Ahmad impose une vision optimiste sur la société Malaisienne, c’est d’ailleurs ce que ces détracteurs lui reprochent (entre autre), livrant un récit où la tradition et les mœurs sont mises au placard au profit d’une société plus ouverte. Comme pour Mukhsin, son récit inspiré de sa vie, hérite d’une valeur que la cinéaste défend avec fermeté : la tolérance. Cette famille malaise aime le cinéma chinois, la musique Thaï et respecte « à sa façon » les heures de prière… Dans Sepet, Yasmin Ahmad sait une fois de plus nourrir son récit de tendres clins d’œil et scènes intimes, qui ont la saveur d’antan, celle de son passé.
Sepet : La malaise et le chinois [Cycle Singapour, Malaisie]Ce long métrage confirme l’importance qu’accorde la cinéaste à l’écriture de ces personnages. Ce qui constitue l’essence même de son cinéma. Un cinéma qui se veut profond et narratif avant d’être une résultante technique. C’est cela le cinéma de Yasmin Ahmad. Il n’en est pas moins que sa mise en scène classique se veut brillante car juste. La réalisatrice a l’œil et parvient à initier des moments de franches rigolades comme de profonds chagrins.
Sepet : La malaise et le chinois [Cycle Singapour, Malaisie]Sepet est une œuvre travaillée et maîtrisée, malgré une dernière partie moins réussie, où une intrigue plombe quelque peu la fraîcheur du récit. Relatant un sujet qui tient à cœur à la cinéaste : le premier amour, Yasmin Ahmad nous livre un film personnel et touchant, se terminant par une fin à la fois dramatique et remplie d’espoir. Un message loin d’être énigmatique lorsqu’on connait le regard que porte la cinéaste sur la société malaisienne. Une fin à l’image d’une artiste controversée, souvent décriée, mais qui a le mérite de faire parler ses œuvres avec cœur et profonde conviction.
Diana

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