Le piège abscons

Publié le 11 février 2010 par Sd (blog Pour Convaincre)
Un "concept théorique" un peu malicieux mais aussi "un bon mot" : le piège abscons. Je modifie un peu ce billet publié en septembre 2008.Le piège abscons : un exemple (souvent vécu) de la vie quotidienne pour comprendre :
  • je vais prendre le train un jour de grève pour aller à un rendez-vous important
  • j'ai acheté un billet non remboursable
  • sur le quai, je me demande si je ne vais pas reporter mon trajet ou m'arrêter en route ou attendre ou m'énerver...
  • cela fait trop de temps que j'attends pour rentrer chez moi
  • mais je reste sur le quai une bonne partie de la journée avant de peut-être prendre un train bondé qui me fera rater mon rendez-vous ou de rentrer finalement chez moi...
Qu'est qu'un piège abscons pour une force en opération ?Quand les 5 critères suivants sont réunis, il est probable que le piège abscons frappe encore une fois de plus :
  • La réussite est a priori incertaine.
  • La force s'engage dans une action qui coûte des hommes, du temps, de l'argent et des moyens pour atteindre l'EFR.
  • L'état final recherché (EFR) évolue au gré des évènements sans être explicitement fixé.
  • La force pense qu'elle doit rester cohérente dans son action, que le but approche et qu'un dernier effort apportera la victoire.
  • L'opération ne s'arrêtera pas tant que l'EFR n'est pas atteint...
Comment sortir du piège abscons ou ne pas y entrer ?
  • évaluer les chances de succès de l'opération a priori et évaluer en permanence les critères de succès (assessment)
  • quantifier avant l'action le "point d'arrêt" (la limite acceptable) en matière de moyens : temps, hommes, pertes, coûts, etc.
  • l'état final recherché (réél) doit toujours être parfaitement clair pour les décideurs politiques et militaires
  • ne pas attendre une victoire, juste après un ultime effort car la friction (bonne ou mauvaise) se rappelle toujours au bon souvenir de tous
  • l'EFR doit réellement et raisonnablement pouvoir être atteint par l'intermédiaire de points décisifs (ops design) qui concrétisent la manoeuvre contre-aléatoire (cf. général Beaufre)
En définitive, il s'agit de mettre en adéquation ses moyens avec ses objectifs, c'est-à-dire avoir tout simplement une stratégie. "Avoir une stratégie", c'est toujours beaucoup plus facile à écrire qu'à mettre en oeuvre...Ce "concept" est bien développé par Frédéric JOIGNOT dans un article de Philosophie magazine d'avril 2007 et sûrement dans l'un de ses ouvrages.Crédits photos US DoD