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J’ai écrit un billet sur la confiance il y a plusieurs mois (http://jeanfrancoislabadie.blogspot.com/2009/09/les-suites-de-la-dictature.html). Je parlais en fait des suites logiques de la dictature. Perte de confiance en l’autre, ce voisin ou ami avec qui tu prends une Prestige. En ton frère ou ta sœur. Même en ta mère. Perte de confiance envers les représentants de l’État, dans la mesure où il représente un État en qui tu ne peux faire confiance. C’est cette absence de confiance que les ayisiens ont vu une autre fois se concrétiser depuis le 12 janvier. Confiance en l’avenir ? Dans une tente pour plusieurs mois, rien pour entretenir la vie et l’avenir de ses timoune. Rien de plus pour la grand-mère à la jambe cassée qu’on doit transporter aux toilettes sur le bord de la rue trois fois par nuit, les fesses à l’air trois fois par nuit. Ai-je bien écrit trois fois par nuit ! Cette odeur de merde et d’urine mélangées qui nous bouche les narines pour le reste de la vie. Confiance en ce Minsitère des travaux publique et de la construction (MTPTC) qui nous informe des édifices qui devront être démolis. Confiance en cette Police nationale haïtienne (PNH) qui a comme premier mandat de nous protéger des brigands et arnaqueurs qui flairent les occasions : « Tu veux une tente ? Je peux peut-être t’aider. » ; « J’ai un ami docteur, il peut voir ta mère si … » ; « Un visa pour la Républiques, c’est facile … ». Confiance en cette communauté internationale qui distribuera un jour, bouffe, eau, médicaments ou tentes. Confiance en la main invisible d’Adam Smith, ce marché naturel régulateur de tous les maux. Confiance en soi même, ébranlé par le tremblement de terre et ses répliques. Un déficit de confiance, à ajouter à l’équation du budget.