Il y a deux ans, Nicolas Sarkozy annonçait en grande pompe le lancement du Plan Banlieue. Aujourd'hui, la situation ne s'est pas encore améliorée. Dans les quartiers dits "sensibles", le taux de chômage des moins de 25 ans atteint les 25 %. Désormais, les émeutes semblent lointaines. Résultat, les politiques se désintéressent à nouveau du problème. Une stratégie risquée sur le long terme.
Article publié pour la première fois le 08/02/2008.
C’est finalement en grande pompe que Sarkozy a présenté, en direct de l’Elysée, le "plan banlieue" si attendu. Préparé par Fadela Amara, le programme propose un budget de 500 millions d’euros pour les transports en commun en banlieue et un nouveau "contrat d’autonomie" pour 100 000 jeunes des quartiers sensibles. Sarkozy s’estime confiant quant à la réussite de son projet. Pourtant, en centrant ces mesures sur la sécurité, il risque d’isoler un peu plus les habitants des banlieues.
Sur la forme, Sarkozy continue de jouer avec les mots et la peur des gens. Petit florilège. "Avec ce qui se passe dans ces quartiers, ce n'est pas seulement l'idée que nous nous faisons de la laïcité, c'est l'avenir d'une certaine idée de la République qui est en jeu, c'est l'idée même de la Nation qui est en cause". Il veut "réinventer la ville" car le problème des banlieues est un "enjeu de civilisation". Pour cela, il veut mener une "guerre sans merci à l'endroit des trafics et des trafiquants", dont il se dit prêt à "assumer pleinement la responsabilité".
La sécurité au dépend de l'éducation
Sur le fond, Sarkozy persiste et signe en centrant son "plan banlieue" sur la sécurité et non sur l’éducation et l’accompagnement. En faisant cela, il risque de stigmatiser un peu plus l’isolement au sein des banlieues. Alors que le gouvernement supprime des postes d’enseignants, il a annoncé, ce vendredi matin, qu’il créerait 4 000 postes de policiers en 3 ans. Est-ce la meilleure solution pour l’avenir d’un pays ?
Ce programme a néanmoins le mérite de relancer l'insertion professionnelle et la formation des jeunes de banlieue exclus. Reste à savoir s’il en a les moyens. Pour Sarkozy, le "plan banlieue" est "un plan ambitieux qui a toutes ses chances de réussir". Malheureusement, le fait d’être ambitieux ne garantit pas la réussite. Il ne reste plus qu’à espérer que ce plan, anciennement appelé "Espoir banlieue", apporte plus que de l’espoir mais des améliorations concrètes.