D'abord la banque helvétique renoue avec les chiffres noirs. Du moins au 4ème trimestre. Lors de ce trimestre, elle enregistre un bénéfice de 1,205 milliard, compte tenu cependant d'un crédit d'impôt de 480 millions. Certes l'année 2009 reste déficitaire avec 2,74 milliards de perte, à comparer toutefois avec les 21,29 milliards de perte de l'année 2008. L'orage aura duré une bonne quinzaine de mois, les derniers chiffres noirs remontant au 3e trimestre 2008.
Ensuite ce sont dans tous les domaines d'activité de la banque que les chiffres noirs sont réapparus. Ce qui confirme que la banque est en train de se redresser. Pour y parvenir elle a réduit ses coûts de manière drastique, augmenté son efficacité et, surtout, réduit de 20'000 personnes ses effectifs qui s'établissent à un peu plus de 65'000 personnes, l'objectif fixé pour 2010.
Enfin les sorties nettes de capitaux se sont poursuivies. En 2008 les sorties s'étaient élevées à 85,8 milliards. En 2009 elles se sont élevées à 147,3 milliards.
Est-ce une mauvaise nouvelle ?
Dans un sens oui. Il est toujours dommageable de perdre des clients, ce qui signifie que la confiance n'y est plus vraiment. Il faut certainement, en premier lieu, incriminer la violation du secret bancaire sous pression américaine, le départ - pas toujours voulu - de 1'000 conseillers et le manque de résultats positifs pendant cinq trimestres consécutifs.
Dans un autre non. La banque a réduit sa voilure. Elle redevient bénéficiaire, espérons de manière durable. Mais surtout le ratio de fonds propres passe de 11 à 15,4%. En somme la grande banque suisse devient un peu moins big, donc un peu moins dangereuse pour l'économie suisse. Mais un même résultat n'aurait-il pas été obtenu sans le secours de la Confédération ? C'est-à-dire en allant à la procédure des faillites...
La gauche et certaines personnalités de droite s'offusquent que des bonus à hauteur de 2,9 milliards puissent être versés par la banque au titre de 2009. Ils oublient que c'est un élément essentiel de motivation dans toute activité, a fortiori dans l'activité bancaire où, quand un bon conseiller part, une partie de sa clientèle le suit. Mais ce sont des réalités que les démagogues de tous bords ne sont pas près de comprendre, préférant faire jouer le ressort de l'envie, qui peut faire saliver les moins nantis. Ce qui peut-être tout bénéfice politiquement.
Il faut dire que depuis le début de la crise financière les deux grandes banques suisses ont adopté une stratégie différente [ voir mon article Deux banque attitudes : UBS et Credit Suisse ], avec évidemment des résultats différents.
Ainsi l'exercice 2009 du Crédit Suisse se termine-t-il par un bénéfice de 6,7 milliards contre une perte de 8,2 milliards en 2008, en dépit d'une amende de 500 millions "payée aux Etats-Unis pour régler une affaire de paiements illicites vers des pays soumis à des sanctions américaines" ici et de 300 millions de charges nettes sur sa dette.
Le ratio de fonds propres à fin 2009 est plus flatteur que celui de l'UBS, 16,3%, et ce ne sont pas des sorties mais des entrées nettes de capitaux que la deuxième banque helvétique engrange en 2009, 44,2 milliards de francs ici.
Les effectifs en 2008 et 2009 sont restés stables, légèrement inférieurs à 48'000.
Pour ce qui est des bonus versés par le Crédit Suisse en 2009 ils sont de 20% inférieurs à ceux versés en 2007, dernier exercice aux chiffres noirs. De plus une part variant en fonction de la position dans l'entreprise, de 40 à 60%, de ces bonus est conditionnée par des critères de performance ultérieure.
Enfin, avantage concurrentiel de poids, le Crédit Suisse ne souffre pas de la mauvaise image de l'UBS, ternie profondément par sa trop grande implication dans les subprimes, par son sauvetage aux frais du contribuable en octobre 2008 et par sa livraison de noms de clients au fisc américain.
Francis Richard
Nous en sommes au
572e jour de privation de liberté pour Max Göldi et Rachid Hamdani (de droite à gauche), les deux otages suisses en Libye