J'ai complètement délaissé
Ce lien, ce filet qu'est l'existence.
Je me suis éveillé à mon Soi, cause de tout.
Je me suis uni à la force ma liberté souveraine.
Depuis, je me diverti avec
Ma chère Puissance de félicité. 453
Ma Puissance de félicité est déployée
Car sa nature est de fulgurer sous l'apparence de l'univers.
Grâce à la dévotion,
Je réuni cette Puissance amoureuse
A la Lumière de mon Soi. 454
Pourquoi te caches tu du Seigneur (toujours déjà) connu ?
Puisse t-il se manifester dans la perfection de la sublime Puissance !
Puisse le Veilleur se réveiller instantanément,
Plein de Puissance,
Après avoir pour ainsi dire dormi dans le devenir, bien qu'il le transcende. 455
Doué d'une Puissance unique,
Je brille à chaque instant à travers cette foule de possibilités.
Elle est absolument une.
Elle a le "je" pour essence.
Au-delà du langage, elle est la source du langage. 456
Celui qui ne peut être démontré,
Qui est évident
Car il est le sujet (qui cherche à démontrer),
S'incarne pour danser la danse immobile. 457
Dormant profondément, veillant ou rêvant,
Notre condition humaine dépend du corps.
Mais à la fin de chaque période de veille et avant le sommeil,
Il y a un repos dans la transparence :
C'est Śiva. 458
Quand je réalise
Que le corps et autres phénomènes sont sans réalité,
Je connais l'essence consciente,
Débordante de félicité et de lumière. 459
Alors, je vois tout naturellement
La conscience,
Inséparable de la Manifestation indivise,
Depuis le corps jusqu'au vide (du sommeil profond). 460
Et, débordant de Lumière
A l'intérieur et à l'extérieur,
Je resplendit du nectar d'immortalité,
Libéré de toutes les limites. 461
Dans le Soi
Spontanément lumineux,
Sans présence ni absence,
La totalité du monde apparaît
Comme un rêve dans un océan de félicité. 462
Ce qui est évident
N'a pas besoin d'être manifesté,
Car dès lors que quelque chose est manifesté,
C'est moi qui me manifeste ainsi. 463
Ô toi qui es plein de qualités !
Ce qui est toujours manifeste
Ne peut être manifesté.
Dans tout ce qui t'apparais,
C'est toi qui apparais. 464
Exister, ce n'est rien d'autre qu'être apparent.
Chaque être vivant n'est rien d'autre que cette Lumière évidente. 465
Pour moi, rien n'est séparé de la Lumière.
Il n'y a donc ni peur, ni attachement, ni haine.
Il n'y a ni naissance, ni mort
Pour ce qui n'est que conscience.
Pour qui est sans corps,
Il n'y a ni existence conditionnée, ni délivrance. 466
Chacun habite l'unique saveur, égale, éternelle,
Même s'il semble être incarné.
Ô Seigneur, il n'y a même pas la trace d'une différence
Entre toi et moi ! 467
Râmeshvar Jhâ, La Liberté de la conscience (Saṃvitsvātantryam),Varanasi 2003.