"Bit’n'soul" est la plus posée, la plus laid back du lot. De petites touches de clavier traversent l’espace comme des nuages moutonnants. La rythmique est en sourdine. Une voix grave et filtrée amorce un semblant de monologue. C’est presque du Theo Parrish – j’y décèle en tout cas la même monotonie enchanteresse. Changement de cap avec "Reel," dont le beat plus appuyé s’acoquine avec deux notes de basse tout droit tirées de "Papa was a rolling stone". Sur ce titre comme sur le reste de l’EP, les influences de la musique noire américaine sont évidentes. A l’instar de son compatriote Jackmate (alias Soulphiction), Breitbarth recycle certains éléments marquants de la Blaxploitation avec une attention particulière pour les basses, qu’il préfère chaudes et dodues.
Sur les 4 titres, ma préférence va à "Soul Time", avec le côté french touch, presque niais, de sa mélodie, et le retour de cette étrange voix déjà entendue sur "Bit n’soul". La production reste assez basique, plutôt répétitive, ce qui n'empêche pas cette house sans chichi d'exercer un charme certain. Le groove limpide de "Widescreen" complète un bien bel EP, pas tape-à-l’œil pour un sou, mais suffisamment envoûtant pour être cité sur ces pages.
En bref : l’habituellement très minimal Rene Breitbarth a plus d’une corde à son arc, comme le prouve cet EP house simple mais classieux, digne hommage aux héros de la musique noire américaine d’hier et d’aujourd’hui.