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Fournir de l’électricité aux pays du Sud pour lutter contre la pauvreté

Publié le 11 février 2010 par Sequovia

Fournir de l’électricité aux pays du Sud pour lutter contre la pauvreté

Près d’un tiers de l’humanité vit actuellement sans électricité. Et sans surprise, 80 % de ces personnes résident dans les pays les moins développés. Pourtant, l’accès à l’électricité est un levier important pour réduire la pauvreté. Ainsi, des chefs d’entreprise se lancent dans cet objectif philanthropique, et tentent de fournir aux plus démunis ce service à moindre coût.

L’électricité au service du développement

Comme aime à le rappeler Jean-Marc Jancovici, consultant en énergie-climat chez Carbone4, l’énergie est par définition l’unité de transformation du monde. Se doter d’une énergie accessible pour tous, c’est donc permettre aux pays les moins avancés d’améliorer leurs services médicaux, leur éducation et leur agriculture. Actuellement, les foyers des pays du Sud utilisent principalement du pétrole lampant pour s’éclairer, du charbon de bois pour la cuisson des aliments, du bois pour se chauffer et des piles pour faire fonctionner les appareils électriques. Non seulement ces sources d’énergie sont dangereuses pour la santé (on dénombre 2 millions de morts dus aux émanations de gaz de combustion des énergies fossiles chaque année) et pour l’environnement, mais elles sont, de surcroît, peu efficaces en général.

Pour atteindre les Objectifs du Millénaire fixés par l’ONU en 2000 pour diviser par deux la pauvreté d’ici 2015, il faudrait donc qu’environ 1,2 milliard de personnes supplémentaires bénéficient de l’électricité et 1,9 milliard de combustibles modernes pour se chauffer et cuisiner. « Apporter l’électricité à chaque foyer coûterait environ un dollar par personne pour un service minimum », ajoute M. Takada, responsable Energie et Environnement du PNUD à l’AFP, pour qui « la meilleure option pour équiper les zones rurales reculées serait du petit hydraulique ou du micro-solaire photovoltaïque ». Cependant, cet accès à l’électricité doit être accompagné d’un transfert de technologie et de compétences pour que cet électrification se fasse par et pour les populations locales.



Des innovations pour fournir de l’électricité aux pays les moins avancées

Afin de mieux gérer l’offre et la demande, l’Afrique du Sud a fait le choix des compteurs de prépaiement. Le Burkina Faso, le Gabon, le Sénégal, le Maroc et le Soudan s’y mettent aussi. Le principe du prépaiement est simple : l’utilisateur achète auprès d’un opérateur un droit d’accès à l’électricité, sous forme de code. Ce dernier lui permet de recharger son « crédit électricité » et lui donne accès à autant d’énergie que le paiement qu’il a effectué pour obtenir son code. Cette technique est déjà utilisée dans les pays les moins avancés pour la gestion de la téléphonie mobile, pour laquelle de nombreux commerçants proposent d’acheter des cartes de rechargement de crédit téléphonique. Le prépaiement permet à la fois d’éviter les défauts de paiement et de gérer de manière autonome sa consommation.

Pour fournir l’électricité aux plus démunis, on peut aussi développer des micro-réseaux électriques, mettant en relation les producteurs d’énergies renouvelables et les autres habitants de zones isolées. A Madagascar, en Indonésie ou en Inde, ces micro-réseaux fournissent de l’électricité dans les maisons, mais aussi dans les espaces collectifs, comme les écoles ou les dispensaires.

Pour financer des projets de raccordement électrique, l’Aide Basée sur les Résultats (ABR) permet, contrairement aux mécanismes d’aide traditionnels, de lier directement le paiement de l’aide financière à la réalisation effective de services ou « résultats » spécifiques. Pour ce faire, la prestation de services est pré-financée et réalisée par une entreprise privée, laquelle reçoit, après vérification par un agent indépendant, une subvention publique finançant totalement ou partiellement les frais d’utilisation. Ce partenariat privé-public, s’il est géré sans corruption, permet d’améliorer tout à la fois la qualité du service, les délais de raccordement et le coût de la prestation.

L’avis Sequovia

Favoriser l’accès à l’électricité ne résout donc pas tous les problèmes sanitaires, environnementaux ou économiques des pays les plus pauvres, mais fabrique un terreau fertile au développement, ce qui est nécessaire pour la plupart de ces pays (et pas pour tous : beaucoup de populations autochtones vivent très bien en accord avec la nature, et le mode de développement « à l’occidentale » ne leur convient donc pas).

Il est à noter aussi que, dans le cadre du sommet de Copenhague, la communauté internationale s’est fixé comme objectif une aide d’adaptation de 100 milliards d’euros par an en faveur des pays pauvres d’ici 2020 (que les fonds viennent de ressources publiques ou privées), principalement par l’intermédiaire du futur Copenhagen Green Climate Fund, qui va être créé pour le transfert de technologies, l’adaptation et l’atténuation. Ce fond pourrait donc prendre en compte les énergies renouvelables et les innovations citées plus haut.

Mais pour qu’elles soient efficaces, ces technologies doivent être accompagnées d’un transfert de compétences. L’accent doit donc aussi être mis sur l’éducation (principalement des femmes), au développement des études secondaires et aux métiers locaux traitant de ces technologies.


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