Sébastien, peux tu te présenter en quelques lignes ?
Bien sûr ! J’ai 29 ans, je suis d’ailleurs un jeune papa depuis quelques jours à peine (!) et j’habite un petit village de moyenne montagne dans le département de l’Isère.Je suis un photographe « naturaliste » amateur, car ce n’est qu’une activité secondaire et j’essaie de travailler sur des espèces emblématiques de montagne et plus particulièrement des Alpes.
J’utilise du matériel Nikon. Mon objectif de prédilection est le 200-400 qui me suis partout ! Bien sûr, d’autres cailloux viennent alourdir le sac à dos pour d’autres besoins et je couvre ainsi les focales allant de 16 à 500 mm. Côté boîtier, c’est le D700 que j’utilise à 90 % ; pour le reste, j’utilise encore un D200 et même un bon vieux D70, essentiellement pour du piégeage photo.
Comment est venu la passion de la photo ?
Depuis gamin, j’ai toujours baigné dans la nature avec mon père forestier qui m’a appris à observer la nature. J’ai ensuite orienté mon parcours scolaire puis professionnel vers la nature et l’environnement en général. Il y a une dizaine d’année, la photo était pour moi au départ un outil, me permettant de garder une trace des différentes observations naturalistes effectuées sur le terrain. Au fil du temps, je me suis intéressé davantage à la réalisation des images et je me suis alors attaché à passer encore plus de temps sur le terrain pour maîtriser la technique, quelque soit les conditions et le sujet car en animalier, la faune ne nous laisse que peu de temps de réflexion où il faut travailler vite et bien.
3 conseils ? … Pas facile comme exercice ! Je dirai qu’il faut avant tout une bonne connaissance du terrain dans lequel le débutant cherche à évoluer et un minimum de connaissances naturalistes. Ce sont les bases qui lui permettront de réaliser les premiers affûts ; il existe d’ailleurs un tas de guide divers et variés selon les domaines (mammifères, oiseaux…) et de très bons guides dédiés aux débutants en photographie animalière ont vu le jour ces dernières années. Ils sont très bien faits et je ne peux que le recommander vivement !
Passée cette première étape, on pourra envisager les premières sorties sur le terrain en commençant par des espèces communes et parfois peu farouches (passereaux de jardin, chevreuils…) ; ce sera ainsi l’occasion, petit à petit, d’approfondir la technique photo et de compléter le matériel selon les besoins ; ce n’est pas le matériel seul qui compte, mais bien l’oeil dans le viseur et le doigt qui déclenche ! Et enfin mon dernier conseil, c’est tout simplement apprendre la patience et être capable de savoir renoncer si l’on sent que les animaux ne tolèrent pas notre présence au sein de leur domaine vital : il faut bien garder à l’esprit que le photographe animalier évolue dans des milieux naturels fragiles voire parfois menacés et qu’il se doit de les respecter.
C’est la partie du boulot que je déteste ! On a tendance à accumuler beaucoup plus d’images avec le numérique que par le passé en argentique. Même si des logiciels très bien pensés pour les photographes, comme Aperture, permettent d’avoir un bon flux de post-production, cela représente toujours une étape très chronophage. Du coup, les traitements que j’applique sont assez minimalistes et j’essaie au maximum d’être le plus juste dès la prise de vue, de manière à ne pas revenir trop longuement par la suite, sur les fichiers. Si c’est le cas, j’ajuste l’exposition, la balance des blancs et les niveaux. De temps en temps, un petit coup de netteté et un réajustement de la saturation peuvent redonner un peu de mordant à une image un peu trop faiblarde…
Tu a été exposé au festival de Montier en Der avec ta série « Alpes Sauvages », comment prépare t on une exposition comme ca ?
Cela ne se prépare pas en un weekend comme tu peux t’en douter ! Cette expo me trottait dans la tête depuis deux ans environ. L’idée principale étant de montrer la beauté et la diversité sauvage que l’on peut rencontrer à l’échelle des Alpes en choisissant quelques espèces emblématiques comme le Lagopède alpin, le Chamois ou encore l’Aigle royal. J’ai donc choisi de travailler sur une petite dizaine d’espèces au fil des saisons et chacune de mes sorties était alors focalisée sur une espèce en particulier pour laquelle j’avais une image en tête à réaliser. A l’issue de ces deux ans et de plusieurs centaines d’heures d’affût j’ai alors présenté mon travail au comité de sélection du festival, qui l’a tout de suite retenu. Ce fut une très belle expérience et cette exposition sera d’ailleurs visible au prochain festival de St Jean de Losne en mars prochain.