Michele Canonica (né le 23 août 1948 à Turin en Italie) est un journaliste italien.
Durant sa carrière il fut Grand reporter des hebdomadaires L’espresso et Panorama, Correspondant à Paris et commentateur politique à Rome de plusieurs grands quotidiens italiens, Directeur de la communication de la Chambre de Commerce Italienne à Paris pour la France et Directeur de la revue France Italie.
Il est l’actuel Président, depuis 2007 ,du Comité de Paris de la Società Dante Alighieri, Président depuis 1998 de L’Italie en direct – L’Italia in diretta, qui produit des émissions radiophoniques sur les différents aspects de la présence italienne en France
Il a publié les volumes bilingues suivants :
Une amitié difficile – Entretiens sur deux siècles de relations franco-italiennes, avec Gilles Martinet et Sergio Romano, 1999 ;
Italiens de prestige à Paris et Ile-de-France, avec Florence Vidal, 2002.
J’ai pu m’entretenir avec Michele Canonica sur la question de l’impact de l’écologie en France et en Italie, il m’a accordé une interview le 14 janvier 2010.
« La crise du Parti Democrate italien profite a l’Italie des Valeurs, pas aux Verts »
Selon Mr Canonica, en France comme en Italie les principaux partis de gauche, (respectivement le Parti Socialiste et le Partito Democratico) traversent une crise forte en ce moment, qui se fait ressentir tant dans les urnes que dans l’opinion publique. Ainsi, à la gauche de ces gros partis, en France tout comme en Italie on a vu apparaître des nouvelles forces en présence: en France Europe Ecologie et son score impressionnant aux élections européennes de 2009, en Italie le parti l’Italia dei valori qui occupe une place de plus en plus importante sur l’échiquier politique italien.
On trouve plusieurs points communs si l’on compare ces deux partis politiques. En effet, il sont portés par des sentiments forts, présents dans les deux pays, et représentés par des leaders charismatiques ayant déjà eu un rôle important dans l’histoire politique de leur pays respectif.
« l’Ecologie en France, entre valeurs réelles, effet de mode et opportunisme »
En France, l’écologie est devenu un sujet récurrent et présent sur le devant de la scène lors des débats politiques autant qu’au sein de la population. Elle est portée par Daniel Cohn Bendit et son parti Europe Ecologie, et une grande partie de la population, des responsables politiques et des personnalités adhèrent aux idées écologistes. Selon mon analyse, cette poussée de l’écologie représente un mélange de valeurs écologiques réelles, d’effet de mode, et d’opportunisme. En effet les valeurs vertes sont très en vogue en France et celui qui ose se positionner contre est montré du doigt.
En Italie, comme indiqué lors d’articles précédents dans ce blog, l’écologie en politique n’a pas connu le même essor, et de loin (aucun siège « vert » au parlement européen). Comme nous le disions en introduction, l’intervalle a été pris par le parti de gauche « Italia dei Valori ». Ce parti est un parti politique italien fondé à Rome en 1998 par Antonio Di Pietro, un ancien magistrat de « Mani pulite ». Aux élections européennes de juin 2009, il devient le 4e parti italien, avec 2 452 731 voix (8,08 %) et 7 députés membres du groupe ADLE. Aux précédentes élections européennes et régionales de 2004, ce parti s’était présenté avec le symbole Lista Di Pietro – Italia dei Valori : il avait obtenu 694 963 votes, avec 2,1 % des voix, l’élection d’Antonio Di Pietro comme député européen et celle de son allié, un ancien communiste, Achille Occhetto , ce dernier avait immédiatement démissionné pour laisser la place à un autre ancien membre du Parti communiste italien, Chiesa.
« Di Pietro et le créneau de la gauche anti-corruption,anti-Berlusconi »
« L’Italie des Valeurs » s’en prend clairement à Silvio Berlusconi et à la « corruption » de la classe politique. Des thèmes qui ont de l’avenir dans le paysage politique encore instable de l’Italie actuelle.
On se rappelle du juge Di Pietro comme d’un homme droit, anti corruption, qui n’ pas hésité à exclure de la vie politique italienne des hommes de pouvoir come B.Craxi, mêlant au scandale politique nombre d’amis de l’actuel président du Conseil. Le parti de Di Pietro gagne donc les voix de certains électeurs de gauche anti Berlusconi qui ne croient plus au PD.
« Plus de nucléaire en Italie depuis Tchernobyl »
D’autre part, Le réchauffement climatique et l’épuisement des ressources de pétrole et de gaz font du nucléaire une énergie propre et pleine d’avenir, peut être la seule solution pour permettre la survie de notre civilisation moderne en respectant l’environnement. Or, en 1987, soit un an après la catastrophe de Tchernobyl, il fut décidé par référendum de la sortie du nucléaire civil en Italie, entre autres grâce ou à cause des partisans écologistes (ce qui pourrait leur être reproché aujourd’hui). Les quatre centrales nucléaires présentes en Italie furent arrêtées, la dernière en 1990. Ainsi, l’Italie importe de l’électricité nucléaire (notamment de France), et la société italienne Enel SPA investit dans la construction de réacteurs nucléaires en France et en Slovaquie, ainsi qu’au développement de la technologie de l’EPR.
En mai 2008, le nouveau gouvernement de Silvio Berlusconi a annoncé le retour à l’énergie nucléaire dans les cinq ans. Le gouvernement italien se propose de poser la première pierre du renouveau nucléaire italien d’ici à 2013, pour une mise en service en 2018.
En conclusion, pour le spécialiste qu’est Michele Canonica de la France et de l’Italie, on peut mesurer les différences de l’impact de l’écologie dans la vie politique des deux cotés des Alpes grâce à plusieurs éléments : l’affaiblissement du Pd italien a profité au groupe l’Italia dei Valori de Di Pietro et n’a pas laissé de place pour une force verte.
De plus, toujours d’après lui, « les écologistes italiens n’ont pas de Cohn Bendit », ce qui met en cause la faiblesse du leadership Vert italien.
Enfin l’épisode post Tchernobyl et l’arrêt demandé du nucléaire n’aura surement pas jouer en leur faveur à l’heure du retour en force de cette énergie dite propre.
Remerciements à Michele Canonica.