Mr Bucchini, votre parti a été le premier a se lancer dans la bataille des territoriales, pensez-vous avoir pris une longueur d'avance sur les autres ? Est ce que vous le ressentez sur le terrain ?
Je vous rappelle que le coup d'envoi des territoriales a été donné par l'Exécutif et la majorité UMP avec le retrait lamentable du très libéral PADDUC. Nous avons, à ce moment là, publié une Adresse aux Corses dans laquelle nous faisions une analyse de la situation économique, sociale et politique et proposions de tenir les Etats généraux de l'Alternative pour, sans préjuger de quoi que ce soit, élargir le cercle des citoyens intéressés par l'élaboration d'un projet pour la Corse en rupture avec celui de la droite en place depuis 25 années. Il est légitime, comme ça l'est, selon nous, pour les autres, de vouloir défendre notre bilan à l'Assemblée de Corse, de faire connaître notre analyse sur celui de la majorité régionale UMP. Les nombreux témoignages de sympathie et les encouragements montrent que cette démarche claire, cohérente et antilibérale a de l'écho.
Donc-pas d'union possible ?
Au contraire, de cette façon nous pouvons dire ce que nous ferons dans la prochaine mandature, y compris dans une majorité de gauche, où nous sommes prêts à prendre nos responsabilités, dès lors que nous pourrons, comme nous l'avons proposé, travailler suffisamment en avance avec nos partenaires de gauche, dans la transparence à l'égard des électeurs, sur le contenu de l'alternative et le rassemblement au second tour.
Vous avez dévoilé votre liste à la fin du mois de Janvier à Bastia, pouvez-vous nous en dire plus sur vos choix ?
Nous avons dévoilé notre liste et nos propositions l'une et les autres sont destinées à changer la vie en Corse avec une priorité fondamentale à nos yeux : améliorer la vie quotidienne des 20 000 foyers, quelques 65 000 personnes sont concernées, qui ont un revenu inférieur au seuil de pauvreté établi selon les statistiques à 830 € mensuel. C'est beaucoup moins que le salaire de Monsieur Proglio le PDG de Véolia et d'Edf et des amis de Monsieur Sarkozy, habitués du Fouquet's cet établissement des Champs Elysées où ni vous ni moi n'imaginons un instant de pouvoir boire ne serait-ce qu'un café.
Quels sont les grands axes de votre programme de campagne pour cette élection ?
Pour vivre mieux en Corse il faut rompre avec la politique de la droite celle du gouvernement Fillon/Sarkozy et celle de Rocca Serra/Santini sa sœur jumelle. L'une et l'autre se conjuguent et se confondent dans la désanctuarisation en faveur des plus fortunés avec des résultats tellement calamiteux que le président de la République, en personne, a dû venir ici pour valider l'inversion du tandem et lui fixer sa feuille de route jusqu'au 14 mars avec quelques annonces dont nous attendons avec impatience la confirmation par des engagements budgétaires.
Quelle est votre position concernant le Galsi ?
Pour l'instant nous en sommes aux études dont le financement a été assuré par le prélèvement de 7 M€ sur l'enveloppe de continuité territoriale désindexée depuis 2 ans par modification de la loi de finances à la demande du gouvernement. Ensuite les 425 M€ dont il est question ne seront pas portés à la programmation pluriannuelle des investissements ce qui, à l'écoute du président de la République peut se traduire par une ponction sur le PEI qui ne fera l'objet d'aucune renégociation sur la participation de la CTC laquelle ne peut plus suivre avec un endettement de 350 M€. Le reste c'est de l'habillage électoraliste....
Que proposez vous alors ?
Dans ces conditions, il faut non pas réaliser les 5 ports de plaisance de 400 anneaux, les golfs 18 trous, et les hôtels 5 étoiles en priorité mais réorienter la politique de la CTC vers le développement durable celui qui place l'homme et la satisfaction de ses besoins au cœur de l'action publique. L'emploi stable, qualifié, correctement rémunéré c'est cela le développement durable, la promotion du service publique et non la réduction générale des politiques publiques RGPP, pour un autre aménagement du territoire équilibré, voila de quel développement durable nous parlons. Une autre politique des transports, non pas des low costs et de la mise en concurrence contre la CCM et Air France contre la SNCM et la CMN, contre la continuité territoriale, mais une politique qui garantisse tout à la fois le service public à l'usager et les quelques 2500 emplois directs auxquels s'en ajoutent autant indirects.
Vous restez dans le domaine public ?
Vous allez voir que non. Réduire les fractures sociale et territoriale tel est l'enjeu. Pour cela il faut réorienter totalement la politique de la CTC, comme je viens de le montrer, mais également en faveur du développement du secteur secondaire, de l'industrie agroalimentaire de manière à offrir plus de débouchés aux productions agricoles et piscicoles locale en un mot à l'agriculture familiale et à la pêche artisanale de la Corse. Développer les NTIC sous maîtrise publique
Combien compte de membres le Parti communiste en Corse ?
Nous comptons plus de 800 adhérent(e)s et la moitié de cotisant(e)s réguliers.
Marie Georges Buffet doit venir en Corse le 19 Février prochain, sur quoi sera axée cette visite ? Et quel sera son programme ?
Elle arrivera à Ajaccio le matin où elle participera à une rencontre citoyenne et un banquet républicain auquel nous convions les acteurs du mouvement social, associations, syndicats, progressistes l'après midi, après s'être rendue à Bastia, elle participera à un meeting salle polyvalente de Lupino à 18 heures. Sa venue est un plus, elle donne à voir la cohérence nationale de notre démarche pour des régions solidaires, écologiques et citoyennes, ancrées à gauche
Si le Parti communiste venait à ne pas être au second tour, envisageriez-vous une possible alliance avec la gauche qui est donné gagnante au second tour dans les derniers sondages ?
Je ne pense pas que nous puissions nous retrouver dans cette situation. Pour autant dans le cas où cela se produirait, la question se poserait à ceux qui, ayant passé la barre pourront ou pas favoriser une fusion avec la ou les listes qui auraient passé la barre des 5 % sans franchir celle des 7 %. Autrement dit ce scrutin voulu par l'UMP et le PRG peut conduire à ce que 3 voire 4 listes ayant obtenu par exemple 4,5 %, 15 à 20 %, des suffrages exprimés soient totalement écartées du second tour de scrutin. Vive la démocratie !
En même temps ce mode scrutin ravive les archaïsmes du clanisme dans un recherche frénétique de personnalités élu(e)s locaux susceptibles de porter le maximum de voix. Ce n'est plus sur un projet politique que ces listes se constituent, à la différence notable de celle du Front de gauche que je conduis, mais sur cette addition sans principe qui fait que certain(e)s de ces personnalités passent allègrement de droite à gauche ou le contraire. Cette conception de la politique nous ait totalement étrangère.
Il reste un peu plus d'un mois avant le premier tour, les réunions publiques s'enchaînent pour le parti communiste, quelle est la suite du programme sur ce sujet ?
Dans une phase plus intense de la campagne électorale, nous efforçons de convaincre, de faire reculer l'abstention populaire suscitée par les manœuvres politiciennes sans rapport avec la vie quotidienne des salariés, des femmes et des hommes qui aspirent à un véritable changement, à vivre mieux et dignement.
Pouvez-vous tirer un bilan à ce jour des grands travaux des hommes en place au sein de l'exécutif de Corse ?
Après la loi de janvier 2002 qui a considérablement élargi les compétences de CTC, l'échec de la droite est d'autant plus visible que l'exécution du PEI est entravée par l'absence d'anticipation et de choix judicieux. Coincé entre le désengagement de l'Etat et la non renégociation de la participation à 30 % de la CTC, l'Exécutif a changé le règlement d'aides aux communes et endetté la collectivité dangereusement l'empêchant de jouer son rôle de chef de file. En même temps le retrait lamentable du PADDUC qui devait être l'acte majeur de cette mandature est emblématique. Cette mandature devait être un tournant vers le progrès, la modernité pour la Corse, la droite l'a négocié à contre sens dans le but de la désanctuariser sur fond de libéralisme débridé.
Si les Corses vous font confiance, quel sera le premier changement que vous apporterez à la tête de l'exécutif de Corse ?
Nous ferons en sorte que la CTC ne soit plus le relais docile la politique gouvernementale et européenne, nous soumettrons à nos partenaires nos 20 propositions pour changer la vie en Corse afin que celles-ci soient le plus possible prises en compte. Cela dépendra ne le cachons pas du résultat que la liste du Front de gauche obtiendra. Plus il sera élevé plus cette prise en compte sera importante. La garantie d'une politique de gauche mise en œuvre par une majorité de gauche est là et pas ailleurs. Les événements récents s'agissant de l'entrée au gouvernement de Paul Giacobbi où encore les abstentions répétées des élu(e)s du PRG sur les budgets de la CTC, les votes positifs des politiques sectorielles de la droite le démontrent.
Enfin, dernière question concernant les élections territoriales. Si les élections avaient lieu demain, que direz-vous aux électeurs qui seraient susceptibles d'être indécis avant le premier tour ?
La démarche du Front de gauche pour la Corse, par sa radicalité innovante, tranche avec d'autres dont le but essentiel est la conquête du pouvoir pour l'exercice du pouvoir. Avec les acteurs du mouvement social et populaire, nous voulons bousculer cet état de fait, ouvrir une perspective politique, réussir à gauche sur un projet d'alternative et non d'alternance. Il s'agit de battre la droite en Corse dès 2010, de sanctionner et résister à la politique du gouvernement et de l'Union européenne, d'ouvrir une perspective de changement à gauche pour 2012 dans tout le pays. Donc le 14 mars le vote utile et efficace, pour vous et pour la Corse, c'est le vote pour la liste du Front de gauche.