Tranches de vies et vies en tranches

Publié le 11 février 2010 par Didier54 @Partages
Humanité tu fais du bien.
L'autre soir, c'étaient documentaires, à la maison. La télévision française sans publicité le soir m'a offert deux jolis lots. Le premier sur France 5. Une série en deux volets bien troussés sur c'est quoi l'amour. Excellent film, joliment narré, constitué de témoignages d'hommes, de femmes, hétéro, gays. Epatant comme les gens étaient à l'aise à l'écran. Frais. Le second sur France 2. Là, on évoque la résilience, en présence du maître (Boris Cyrulnik). A travers les parcours de cinq personnes venues témoigner.
Ou dans les deux cas l'on parle d'humanité, de cette humanité qui fait qu'ici les coeurs s'emballent ou se déchirent, que là un rebond, que plus loin l'instinct de survie.
Parmi toutes les pépites dénichées, entre regards connivents et silences parlants, celle de cette femme qui rappelle comme un couple c'est un boulot. Cet ancien qui raconte qu'avant, de toutes façons, on n'avait pas le temps de s'engueuler. Celles de ce couple depuis 17 ans et lui qui dit que l'amour, c'est la couleur et la chaleur même quand il fait gris, que l'amour des fois on est bon et des fois pas. L'amour éternel, comme ce couple qui s'est redécouvert cinquante ans après. J'allais partir au Groenland dit l'homme. Ouencore cette veuve, qui raconte que trois mois après le décès de son mari, elle l'a vu s'asseoir à table, c'était le signe qu'elle demandait.
Lourdes, les situations de ces femmes et hommes flingués dans leurs jeunesse, plongés dans la violence et qui, à un moment donné, réussissent à s'extraire du cloaque.
Lui grâce à l'école, parce qu'à l'école, il était considéré comme un être humain.
Elle grâce à une assistante sociale, qui lui a demandé de tenir un bébé quelques instants et c'était la première fois qu'on me faisait confiance.
Lui en se souvenant du joli regard d'un policier. C'était juste avant qu'il n'essaie de se suicider. Il ne l'a pas fait. Et puis celui-ci, qui voulait ressembler à Carl Lewis et qui est devenu champion d'athlétisme. Cet homme, enfin, qui bosse maintenant à Emmaüs et qui s'est extirpé de sa situation par les études et les thérapies. Sauvé par son enfant. Qu'il était à deux doigts de battre. Et que dans un sursaut de conscience, il n'a pas battu. Il ne voulait pas reproduire.
On est loin de paillettes. Très loin. Dans ces vies ordinaires extraordinaires. Où la main tendue, le regard parlant, le temps de la disponibilité sont des manques, des besoins, des opportunités, des dons.
Humanité, quand tu nous tiens.