Ces derniers temps, la grande affaire sur le campus, c’était la « Student Body President Election Campaign » : la campagne pour l’élection du président des étudiants.
A priori, rien de franchement palpitant, ces élections étant au fond une bataille de personnalités, lesquelles semblaient s’être données le mot pour être les plus consensuelles et lisses possibles. CandyLand style.
Aucun enjeu politique n’est soulevé: personne ne remet en cause les milliers de dollars de frais d’inscription, les contenus pédagogiques, l’organisation de l’université…
Les débats portent plutôt sur des non-problèmes, du genre la sécurité des étudiants (alors que la ville est hyper-sécurisée) et les relations entre les fraternités et l’administration de UNC (palpitant). Rien à voir avec les élections syndicales comme en connaissent les universités françaises.
Depuis un mois, les pancartes multicolores ont envahi le Pit, la place centrale du campus, et dans la cafétaria, il ne se passe pas un jour sans que résonnent les cris et exhortations enthousiastes de supporters (je n’ose pas dire « militants »).
C’était parti pour être chiant à mourir. Mais Nash Keunes est arrivé, avec une campagne complètement délirante, qui visait surtout à ridiculiser l’élection et à se moquer des promesses des autres candidats.
Extraits de son programme :
- transformer le premier étage de la bibliothèque en aquarium géant pour y faire vivre un narval.
Narval géant
- rendre plus faciles les mots croisés du Daily Tar Heel (le quotidien du campus) pour que les étudiants se sentent valorisés quand ils commencent leur journée
- changer le nom de la ville, Chapel Hill, pour « Unaffiliated House of Worship and Secular Community Temple Mosque Center Hill. »
- « We are not in favor of grade inflation. Rather, we are in favor of grade hyperinflation. We want UNC to become the Zimbabwe of grade inflation. »
(NB: « grade inflation », c’est la tendance à la hausse des notes reçues par les élèves depuis quelques années, problème que connaissent toutes les universités américaines et dont beaucoup craignent qu’elle ne contribue à dévaluer les diplômes)
Le Daily Tar Heel ne savait pas quoi faire du « cas » Nash Keunes.
Quant aux autres candidats, ils étaient outrés — deux étudiants ont même créé un groupe Facebook « Ne votez pas pour Nash Keunes le 9 février! »
Malheureusement pour eux, le groupe anti-Nash a été pris d’assaut par les supporters de Nash, qui ont joyeusement posté des dizaines de commentaires sarcastiques du style: « Nash throws cats in front of school busses » ou « Nash is a terrible human being. I have personally seen him eat a baby. »
…
Bref, on s’est bien marrés, finalement. Merci Nash Keunes.
C’est fini, les résultats des élections ont été annoncées hier, Nash a fini 4e sur 6 dans la course à la présidentielle étudiante.