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Tahiti après le cyclone Oli

Publié le 11 février 2010 par Argoul

Nisha est une tempête tropicale qui devait passer entre Tahiti et les Australes. Le Haut-commissariat a levé l’alerte car son intensité a diminué mais maintient les règles de précaution en avertissant de mettre à l’abri les bateaux à cause de creux de 4 m et de très fortes précipitations. Et c’est vrai qu’il tombe des hallebardes !

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Les règles sont les suivantes : rester chez soi et ne pas sortir, renforcer sa toiture et ses fenêtres, élaguer les arbres autour de la maison, faire des courses, acheter des piles pour sa radio afin de pouvoir se tenir informé, de l’eau, de la nourriture, des bougies et des lampes torche.

La Polynésie a été au cours des siècles meurtrie par des cyclones, la dernière fois en 1997/1998 sur la Société (19 victimes). Un cyclone est une perturbation à circulation tourbillonnaire des régions tropicales de forte intensité. Dans le Pacifique occidental on le nomme typhon, aux États-Unis et aux Antilles ouragan. Si le vent ne dépasse pas 63km/h c’est une dépression tropicale et on la numérote, la première de l’année portant le n°1. Si les vents sont compris entre 63 et 117 km/h, c’est une tempête tropicale qui portera un prénom. Si les vents dépassent 117km/h alors c’est un cyclone, un ouragan ou un typhon. Il a alors une classification de 1 à 4 en fonction de la vitesse du vent ; cette numérotation a pour référence celle de Saffir-Simpson. Le centre météorologique de Nadi qui couvre la zone de surveillance du Pacifique sud-ouest, de l’Australie à la Polynésie française, dispose d’une liste alphabétique dans laquelle il puisera pour baptiser les phénomènes successifs ! La lettre M a été attribuée en déc. 2009 au cyclone Mick de passage aux îles Fidji. La lettre N vient d’être attribuée à Nisha. Pour les prochaines, il reste Oli, Pat, Rene, Sarah, Tomas, Vania, Wilma, Yasi et Zaka, c’est dire qu’il y a de l’espoir ! Olga menace actuellement le nord de l’Australie, elle proviendrait d’une autre liste… et bien qu’elle y reste sur sa liste.

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Nous entrons en février et déjà Nisha est remplacée par Oli dont j’évoquais le nom sur ce blog. La météo a prévu son passage entre la Société et les Australes mercredi 10 février. Le pavillon orange flotte sur Tahiti, des creux de 4 m sont prévus pour mardi soir, et de 5 à 6 m mercredi soir. Aux abris ! Encore une fois.

3 février, 21h : Oli est là, enfin presque là. La circulation est interdite. Depuis 19h nous sommes en alerte rouge. Ce midi, je me suis précipitée aux Jardins de Paofai. La mer était houleuse, grise, les vagues avaient déjà mutilé quelques pirogues, ramené les bouteilles plastiques sur le beau gazon inauguré hier, les vagues sautaient l’enrochement, inondaient les allées sous un ciel bas, plombé, menaçant. Au large, la digue du port était devenue un sautoir en hauteur pour les vagues. Oli a déjà ravagé les Raromatai (Îles sous le Vent), il arrive aux (Îles du Vent). Toutes les Autorités sont sur le pied de guerre. Ce silence est angoissant…

Pas de voitures sur la route. Tout le monde est barricadé, stores relevés, baies vitrées barrées par des croisillons de ruban adhésif. On attend, on attend, un bombardement ? un débarquement ? La population dont les fare (baraques) ne résisteraient pas à Oli doit aller s’abriter dans les lieux désignés : écoles, temples, églises, gymnases dont les noms et adresses défilent sur un bandeau au bas des écrans télé. J’étouffe, il fait horriblement chaud 32°C, 88% d’humidité, peu de vent, pas de bruit. Seules radios et télés donnent des infos. J’entrouvre mes ‘louvres’, je ne tiens plus, vais sur le balcon vide, c’est toujours pareil, rien, rien. Oli est annoncé sur Tahiti vers 4 h du matin. Finalement, il s’éloignera et passera à 300 km des îles, fera des dégâts matériels certes, mais moindres que s’il nous était passé dessus.

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Jeu 4 février, Oli s’en est allé après être passé sur la côte Ouest, la presqu’île et la côte Est. La maison de mon amie V. a perdu son couvre-chef hier soir à 19h, juste à l’instant où l’alerte rouge était déclenchée. L’alerte est maintenue, toujours pas de circulation sauf pompiers et police. Un peu avant midi, lâchez les fauves ! La ronde bruyante des autos et deux-roues reprend, les magasins restent fermés. Le boulevard Pomaré est fermé à la circulation en direction Faa’a, les vagues ont fait leur la piscine et débordent sur la chaussée !

Vendredi 5 février, je suis partie « inspecter » mon quartier. Quelques dégâts certes, mais le temple de Paofai a bien rempli son rôle de protecteur. Mauruuru ! Par contre les Jardins de Paofai, inaugurés  mardi matin par la ministre de l’Outremer ont été malmenés par l’eau salée de l’océan, et les plantations et gazon risquent de dépérir. Les pompiers de Papeete et les jardiniers s’empressent de réparer les dégâts. Quelques 980 millions de FCP quand même pour ce parc ! Initialement, il devait porter le nom de Hokulea, le voilà baptisé Les Jardins de Paofai… C’est un appel aux contribuables français qui, en échange du changement de nom, pourraient être amenés à mettre la main au porte-monnaie ? Sabine, tu as une langue de vipère, honte à toi. Je vais m’obliger à parcourir les allées des jardins à un rythme soutenu tous les jours… mais sans courir, je ne peux plus !

J’oubliais… plus de tête ni de jambes mais où vais-je ? Il y avait eu, peu de temps avant, l’inauguration de la Maison de la Perle, à une extrémité des Jardins de Paofai côté rond-point J. Chirac pour ceux qui connaissent. Alors c’est provisoire paraît-il car dans deux ans elle serait reconstruite en face, à la place de l’ancien Pitate. Aidez-moi avec mon français des îles, très  approximatif. C’est  « Maison provisoire de la Perle » ou « Maison de la Perle provisoire ». Merci pour votre aide précieuse.

Oli a martyrisé Tubai, île des Australes, alors qu’on l’attendait à Rurutu. Les images vues à la télévision sont éloquentes, sur 300 m du rivage, plus de maisons mais du sable, des arbres abattus. Plus d’eau potable, plus d’électricité. L’armée fait des rotations d’avions et d’hélico, deux navires du Pei s’apprêtent à quitter Tahiti avec du matériel lourd, du ma’a (de la bouffe), des bouteilles d’eau, etc. Le Polynésien est fataliste, certains diront philosophe. Est-ce cela la sagesse ?

Une mauvaise langue m’a confié que six cyclones doivent se succéder. Il en resterait donc quatre à venir…

Sabine

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