“Vanité des vanités, dit l’Ecclésiaste, vanité des vanités, tout est vanité.”
Dans l’Ecclésiaste, le mot vanité est utilisé dans son acception plus ancienne et plus littéraire de “ce qui est vain”, c’est-à-dire futile, illusoire, vide, de peu d’impact, voire sans aucune réalité. Tout avantage possible de la vie est anéanti par l’inéluctabilité de la mort. Si le terme « vanité » désigne en premier lieu les natures mortes qui ont prospéré à l’époque baroque, il s’applique de façon plus large à toute représentation de la dépouille humaine – crâne, squelette, - ayant pour fonction de rappeler le caractère fondamentalement vain de l’existence, sa fragilité, sa fugacité, face à l’irréductible réalité de la mort. L’image du crâne conforte brutalement le spectateur à son destin, sans détour, sans discussion possible. Souviens-toi que tu vas mourir ou Memento Mori est le thème d’une splendide exposition au musée Maillol à Paris, jusqu’au 28 juin 2010. “L’image du crâne n’est jamais anodine. Qu’elle relève de la superstition, de la peur, d’une provocation absolue, d’une manière de conjurer la mort ou de l’ignorer, elle reste dérangeante », assure Patrizia Nitti, directrice artistique du musée Maillol. Frappée par la prolifération des têtes de mort dans les domaines de l’art, de la mode ou encore de la publicité, mais aussi sous le charme d’une collection particulière de vanités contemporaines, cette dernière a oeuvré, avec le concours d’autres collaborateurs, à l’importante exposition qui se tient au musée Maillol jusqu’au 28 juin.
Baptisée :« C’est la vie ! Vanités de Caravage à Damien Hirst », elle réunit 170 pièces autour du thème de la mort, et autant de noms illustres : mosaïque polychrome de Pompéi (1e s après JC), tableaux du Caravage, montrant St François en méditation tenant un crâne (1602) à un autre St François avec capuche de Zurbaran (1635). Il y a aussi un anguleux jeune homme de Bernard Buffet, à côté d’une table basse supportant un bougeoir et un crâne. Mickey Terminator de Nicolas Rubinstein, Mikets en hébreu signifiant fin. De Géricault à des vanités modernes signées Cézanne, Braque et Picasso, en passant par Warhol et Basquiat, mais aussi sculptures, bijoux…
La mort nous va si bien
Une place de choix est accordée aux artistes contemporains, parmi lesquels un des plus médiatiques et controversés, Damien Hirst, qui expose For the Love of God, Laugh, sérigraphie avec poussière de diamant réalisée à partir d’une photographie du fameux crâne en platine et diamants créé en 2007. Le premier métier d’embaumeur de cadavres de DH l’ayant conditionné pour la suite de sa carrière, lui a permis de produire des œuvres absolument remarquables.
Figurent également dans la sélection les spécimens de Philippe Pasqua (Crâne aux papillons), Jan Fabre (L’Oisillon de Dieu), Annette Messager (Gants-tête) et Xavier Veilhan (Crâne, version orange), les photographies de Cindy Sherman (Untitled) et Marina Abramovic (Carrying the Skeleton I), Daniel Spoerri, la liste est infinie, ou encore quelques vidéos… Sans oublier l’artiste dont on parle dans l’actualité, Christian Boltanski et son théatre d’ombres, provenant de l’époque baroque, une peinture très sobre de Gerhardt Richter.
Un véritable parcours à travers les disciplines et les époques successives, aux prises avec des interrogations différentes. Du memento mori, réflexions sur la fragilité de la vie et le temps qui passe, Vanité ou Allégorie de la vie humaine de La Madeleine pénitente (copie) de Georges de La Tour aux mouches de Damien Hirst ou aux verts des frères Chapman, étranges, dérangeants, voire effrayants, ne sont pas simplement des oeuvres d’art, mais aussi des chefs-d’oeuvre techniques, dotés d’une vraie portée philosophique ou intellectuelle. Je ne peux que vous encourager à vous y plonger.
images provenant du catalogue de l’exposition
LES COMMENTAIRES (1)
posté le 12 février à 12:42
Eh bien non je proteste contre ce texte qui n'est qu'une faribole, attribuée abusivement au Roi Salomon. Non la vie n'est pas vaine ni absurde ! Elle prend son sens du désir qui la porte, et de la jouissance qu'elle comporte. Ainsi la vie peut devenir amie, plutôt que d'apporter la désespérance que ce texte idiot nous invite à adorer depuis des siècles.
Patrick Valas