A chacun sa partition, et que le meilleur gagne. Au coude à coude avec Europe-Ecologie, qui le devance de peu dans les sondages, le PS joue la carte de la différenciation pour l'emporter en
Alsace, la seule région - avec la Corse - qui lui ait échappé en 2004. En visite mardi 9 février à Colmar (Haut-Rhin) et Strasbourg (Bas-Rhin), Martine Aubry, venue soutenir les listes socialistes conduites
par Jacques Bigot, a consacré
l'essentiel de son déplacement à l'emploi et à la politique industrielle. Alors que l'Alsace, longtemps considérée comme un modèle de dynamisme pour son tissu industriel et son marché du travail,
a perdu 18 000 emplois en un an et voit son taux de chômage rejoindre la moyenne nationale, la première secrétaire du PS a accusé la majorité de droite d'avoir "laissé faire", de
"n'avoir rien anticipé pour accompagner les PME et les salariés".
"Listes complémentaires"
"L'urgence, en Alsace, c'est l'emploi", a insisté la première secrétaire lors d'une rencontre organisée à Colmar avec des représentants d'entreprises en difficulté. Elle a dénoncé
"l'absence de politique industrielle" et assuré que "l'Alsace peut basculer à gauche". Dans cette éventualité, elle a promis que seraient mises en place des mesures de
"sécurisation des parcours professionnels" comme en Ile-de-France, dans le Centre, dans le Nord - Pas-de-Calais et la Franche-Comté. Ce dispositif permet notamment de prendre en charge
la formation des salariés menacés de licenciement sans que leur contrat de travail ne soit rompu. Un peu plus tard, interpellée dans le train qui l'emmenait vers Strasbourg par un jeune militant
UMP qui lui a remis un tee-shirt vert siglé "Majorité alsacienne", Mme Aubry a rétorqué qu'elle venait de rencontrer "des salariés désemparés, pour lesquels la
région n'a rien fait".
A l'intention des écologistes, traditionnellement très bien implantés dans la région, et qui ont réalisé leur unité pour cette élection, la maire de Lille a assuré que, quel que soit le résultat
du premier tour, "ceux qui parviendront en tête verront les autres arriver vers eux". Les sondages indiquent que Philippe Richert, la tête de liste UMP, pourrait être battu.
"Dans ce scrutin, nos listes sont complémentaires, explique Franck
Dudt, cinquième sur la liste PS dans le Haut-Rhin. La campagne que nous menons est principalement axée sur les questions économiques et sociales,
alors que les écolos tentent de surfer sur la croissance verte". Selon lui, existe toutefois un point de désaccord : "Il s'agit de la ligne TGV Rhin-Rhône entre Dijon, Belfort et
Mulhouse, à laquelle nous sommes favorables alors que les écologistes s'y opposent."
Exercice obligé de toute campagne socialiste alsacienne, le PS a adressé quelques appels du pied aux centristes, très influents dans la région. "Cet électorat est comme nous, régionaliste, alors que l'UMP est un parti centralisateur", a estimé Jacques Bigot, président de la communauté urbaine de Strasbourg et maire d'Illkirch-Graffenstaden. Ce dernier a convaincu l'avocate strasbourgeoise Dominique Hoeffel, maire de Handschuheim et fille de l'ancien ministre et sénateur centriste Daniel Hoeffel, de figurer en deuxième position sur sa liste.
Martine Aubry, qui a réitéré son espoir de voir "toutes les régions françaises passer à gauche", a également mis l'accent sur la nécessité de combattre l'abstention. La dirigeante socialiste s'attend "à une campagne extrêmement courte, où la capacité de mobilisation sera prépondérante". Pour le moment, elle constate cependant que l'opinion "n'est pas encore totalement entrée" dans ce scrutin.
Jean-Michel Normand