STRASBOURG — Le suspense est assuré jusqu'au bout pour le remplacement d'Adrien Zeller en Alsace, bastion de la droite menacé par une gauche et des Verts bien déterminés à conquérir l'ultime région de l'Hexagone restée à l'UMP, lors du prochain scrutin régional.
La donne a été totalement bouleversée par le décès en août 2009 du charismatique président Zeller (UMP), à la tête du conseil régional depuis 1996, et par l'émergence des Verts qui, pour la première fois, ont dépassé le PS aux élections européennes de juin dernier, devenant la 2e force politique d'Alsace.
A cette situation nouvelle s'ajoutent l'incertitude sur un éventuel maintien de l'extrême-droite au second tour et l'effondrement du centre, qui dispute à l'UMP l'héritage d'Adrien Zeller, mais
se disperse sur deux listes créditées de moins de 5% des voix, la 3e ayant jeté l'éponge.
"C'est le scrutin de toutes les incertitudes, ce qui détonne avec la situation antérieure où il était acquis d'avance que l'UMP obtiendrait la majorité", analyse Richard Kleinschmager, politologue alsacien.
"On a le sentiment que c'est une élection où tout est possible", selon lui.
Avec la Corse, l'Alsace - légitimiste et chrétienne-démocrate depuis 1945 - était la seule région restée à droite en 2004. Depuis la création des régions en 1972, elle a toujours élu un président de région gaulliste puis centriste.
C'est pourquoi un sondage Ifop réalisé fin janvier a fait l'effet d'un coup de tonnerre en donnant les Verts gagnants au second tour, avec le soutien du PS, dans une triangulaire les opposant à
l'UMP et au Front national.
"L'intuition est devenue espérance", s'est réjoui Jacques Fernique, secrétaire régional des Verts et tête de la liste Europe Ecologie, dont toute la campagne vise maintenant à renforcer la
crédibilité des Verts et à prouver leur capacité à gérer l'Alsace, et notamment le problème majeur de l'emploi.
A son actif, Europe Ecologie a réussi à s'allier l'écologiste Antoine Waechter, chantre du "ni gauche ni droite".
Les écologistes comptent bien rebondir sur leur succès aux Européennes où leur score de 22,73% des voix a largement surpassé les 16,64% du PS, en partie grâce au vote protestataire des déçus de
la gauche, selon les analystes.
Cependant, rien n'est joué à cinq semaines des élections. Jacques Fernique est - selon le sondage Ifop - au coude à coude avec Jacques Bigot, tête de liste du PS et président de la communauté
urbaine de Strasbourg (trois points d'écart au premier tour). Au second tour, la liste Europe Ecologie, soutenue par le PS, l'emporterait d'un seul point sur celle du candidat UMP Philippe
Richert dans le cas d'une triangulaire avec le FN de Jacques Binder.
Le sénateur UMP Philippe Richert, qui a présidé pendant 10 ans le Conseil général du Bas-Rhin, capitalise sur l'héritage d'Adrien Zeller, dont la veuve, Huguette, figure en sixième position sur
sa liste.
"Oui je m'inscris dans la continuité d'Adrien Zeller", a déclaré le candidat UMP qui s'affirme "serein" quant à l'issue du scrutin, même si les sondages montrent que ses réserves de voix au
second tour semblent bien maigres.
Le socialiste Jacques Bigot a réussi le même "coup": il a rallié sur sa liste Dominique Hoeffel, la maire de Handschuheim et fille de Daniel Hoeffel, ex sénateur UMP et ex secrétaire
d'Etat.
Il est convaincu que seul un rassemblement avec les écologistes, dont il affirme partager beaucoup d'idées, permettra à la gauche de gagner au second tour.