Deux drapeaux sur les édifices publics pour…

Publié le 10 février 2010 par Notil

la Nouvelle-Calédonie, c’est la proposition faite par le député Pierre Frogier, député UMP rappelons-le. Le drapeau Français et à ses côtés le drapeau des indépendantistes. Puisqu’il faut parler de signes …

identitaires, il est sans doute temps pour certains de faire des propositions. Le Député a opté pour celle-ci non sans prévenir cependant que le drapeau « kanak » devait prendre une signification toute autre que celle qu’il représente à savoir la lutte trop souvent armée pour l’indépendance d’un petit bout de terre français dans le Pacifique.

Rappelons tout de même que ce drapeau a une Histoire et remercions Wikipédia de nous rafraîchir la mémoire:

« Kanaky est le nom donné à la Nouvelle-Calédonie par les indépendantistes depuis les années 1980, et dérive du mot Kanak qui désigne les Mélanésiens de cet archipel. Après la création du Front de libération nationale kanak et socialiste (FLNKS) le 24septembre1984, le boycott actif des élections territoriales du 18 novembre suivant et l’entrée dans la période dite des « Événements » (1984-1988), les indépendantistes choisissent d’obtenir l’indépendance par la force et créent certaines institutions et symboles qui doivent servir de base au futur État baptisé « Kanaky ».

Dont le drapeau ci-dessus!

A l’heure où la France métropolitaine parle et tente de débattre sur l’identité nationale, il peut sembler paradoxal qu’à 20000 kilomètres de là, une île parle également d’identité, d’une identité différente de celles de nos concitoyens. A l’heure où l’Etat Républicain se veut à nouveau Républicain en demandant que soient hissées les couleurs de la France au fronton des édifices publics, -ce qui est censé se faire depuis toujours, il suffirait simplement de le rappeler aux différents chefs d’établissements pour ce qui concerne les écoles et aux directeurs d’institutions pour peu qu’ils aient oublié-, à l’heure où l’on parle tout simplement de devoirs et droits de tous ceux qui résident sur le sol national, en Nouvelle-Calédonie on agit autrement au nom sans doute de l’Histoire qui a vu s’affronter les partisans du Oui à la France et ceux du Non il y a plusieurs années déjà.

Des réactions ne se sont guère faites attendre. Curieusement à cette heure, seuls les indépendantistes ont réagi et trouvent l’idée plutôt symphatique. partager le fronton des édifices publics serait selon le Député reconnaître la lutte armée des indépendantistes. Indépendantistes qui le sont toujours jusqu’à preuve du contraire. Il ya un pas entre la poignée de main de Jacques Lafleur et Jean-Marie Tjibaou et cette proposition qui fait déjà beaucoup parler sur facebook.

Le drapeau est la reconnaissance d’un Etat souverain et en accoler un deuxième correspond à la reconnaissance d’un autre Etat. La Nouvelle-Calédonie est jusqu’à présent Française. Qu’elle le reste ou non à l’issue des référendums prévus dans les années à venir et il sera grand temps de garder ou changer de drapeau. Vouloir dès à présent quelque signe identitaire que ce soit c’est accepter dès maintenant que la Calédonie puisse être un jour indépendante ce qu’une large majorité refuse pour l’instant.

La représentation de la Kanaky par ce drapeau va à l’encontre du désir même de nombreux Kanaks qui veulent rester Français. Le drapeau que le Député veut accrocher aux côtés de notre drapeau national est celui d’une minorité agissante qui aujourd’hui encore utilise les vieux démons des années 84 et 88 pour faire pencher la balance de leur côté. Ces vieux démons sont également et malheureusement de sortie encore trop régulièrement par une partie de la majorité présidentielle en place sur le Territoire.

Que l’on recherche des signes identitaires pour s’affirmer en tant que Territoire Français avec des différences notables et évidentes avec le reste de nos concitoyens est tout à fait légitime. Il peut alors s’agir d’un fanion apposé au drapeau, il peut même s’agir d’un chant à interpréter en certaines occasions, il peut s’agir de la monnaie -ce qui est déjà le cas- mais la symbolique même du drapeau ne correspond pas avec la proposition faite par le député.

Alors que sous-entend cette proposition?

S’agit-il simplement d’un effet d’annonce visant à tester les loyalistes? S’agit-il de réduire la définition de ce drapeau « kanak » à celle du drapeau breton, corse ou basque? Ou s’agit-il de faire en sorte que les indépendantistes soient bien disposés à l’approche du prochain comité des signataires?

Et cette proposition a-t-elle reçu l’aval de la Présidence?

Il est certain pour ce qui concerne la Nouvelle-Calédonie qu’il nous faudra avancer ensemble pour arriver quelque part – Ce quelque part dont personne ne parle vraiment parce que personne ne regarde vraiment devant- Mais il est certain également que personne n’avancera si un seul tente de le faire. Comme il est certain pour l’heure, que seuls les loyalistes ont concédé du terrain aux indépendantistes.

Le député demande que soit revue la signification du drapeau. Elle le sera sans aucun doute. Simplement parce que cela ne coûte rien! Entre les mots et les actes, l’Histoire a démontré que ne sont jamais véritablement engagés ceux qui font les promesses mais bel et bien ceux qui les croient.

Une telle proposition aurait mérité un référendum. Référendum ouvert, non seulement aux militants de l’UMP mais à toute la population. Parce que pour beaucoup, on commence par le drapeau et l’on ne sait pas jusqu’où cela peut aller. Où l’on s’en doute sans vouloir vraiment y croire. D’autant qu’entre ce qui se dit et se qui se trame le fossé est historiquement large.

Le Député le reconnaît: Faire cette propoition n’est pas sans risque. C’est l’Histoire qui lui donnera tort ou raison. Il sera alors temps de dire « bravo » ou « Si j’avais su ». Mais en tout état de cause, il sera surtout trop tard!