Il fallait s’attendre à ce que l’équipe ayant gagné en Ecosse soit reconduite aux blessés prés, c’est fait ( voir ci-dessous ). Et c’est normal au vu du contexte. Mais pourquoi avoir décidé de fonctionner avec 23 joueurs seulement quand il aurait été si intéressant de composer avec un groupe plus élargi ? Pourquoi avec composé lors du premier de ces 2 matchs une équipe faite sur -mesure pour jouer l’Ecosse quand le véritable adversaire, c’est l’Irlande et sa redoutable troisième ligne ? Et surtout pourquoi changer aujourd’hui des règles de fonctionnement mises en application jusque-là ?
Ouedraogo – Dusautoir à l’aile, la vie est belle !
Marc Lièvremont n’a jamais eu peur, jusque -là, de changer des équipes de France qui gagnent soit pour faire souffler les joueurs soit pour s’adapter aux caractéristiques des adversaires. Mais, apparemment, pas cette année et, pour une fois c’est dommage. En effet, il semble important de tenir compte des caractéristiques de l’équipe adverse et ce, d’autant plus, que celle-ci est le champion en titre, vainqueur du Grand Chelem 2009. Bien sûr, il ne faut pas rougir de la comparaison, loin de là, mais à ce niveau de rugby, il est essentiel d’avoir la bonne stratégie et les bons hommes pour la mettre en place. Et c’est là où je me pose des questions quand à la composition de notre 3ième ligne. Comme je l’ai évoqué dans l’analyse du match ce dimanche, le manque de complémentarité entre Dusautoir et Ouedraogo n’était pas un problème contre l’Ecosse mais peut le devenir contre l’Irlande et ce, d’autant plus que l’équipe de France ne semble pas prête pour un jeu de mouvement incessant, où elle multiplierait les temps de jeu jusqu’à épuisement de la défense. Là, oui, le fait d’avoir une 3ième ligne légère et mobile donnerait un avantage indéniable sur l’adversaire. Mais comme notre ligne de 3/4 en construction ne semble pas prête à ce jeu à haut risque ( loin de moi l’idée de le leur reprocher, d’ailleurs ), l’association Dusautoir – Ouedraogo ne vaut que parce que l’adversaire tentera de multiplier les temps de jeu et qu’il y aura alors l’occasion de gratter des ballons. Exactement ce qui s’est passé en Ecosse ! Jusque-là parfait. Mais peut-on croire que l’Irlande qui, maintenant, possède un des meilleurs entraîneurs du monde, va tomber dans le même panneau ?
Les Irlandais, qui vont bien étudier Ecosse – France à la vidéo, vont se dire que si, Beattie et 2, 3 écossais de bonne volonté, ont réussi à nous transpercer dans la zone médiane, il y a de quoi faire pour l’armada des Wallace – Leamey – Ferris, dans un premier temps, et O’Driscoll et consorts ensuite. Leur plan de jeu va, certainement, être, d’abord, d’aller jouer dans le camp français avec le pied d’O'Gara avant, ensuite, de dynamiser le jeu par les avants, avec l’obligation d’aller chercher Dusautoir et Ouedraogo pour les enfermer dans les regroupements, et cela suffisamment jusqu’à ce que le ballon soit sorti rapidement des points de blocage pour que la ligne de trois-quarts arrivent lancé et dans le bon tempo. L’équipe d’Irlande jouera alors en avançant et se procurera certainement des occasions de marquer.
Côté français, il faudra donc prendre le dessus physiquement, plutôt au niveau de la mêlée et des ballons portés, pour fixer la 3ième ligne adverse et donner le champ libre à nos 3/4 et notamment aux pénétrations de Jauzion et Bastareaud. En touche, le challenge est relevé mais l’association Papé – Harnordoquy – Ouedraogo a montré de belles choses en Ecosse et, en défensif, le Basque bondissant peut aller ennuyer le rouquin Irlandais, ce qui serait une excellente nouvelle pour l’issue du match.
Où est Picamoles ?
Pourquoi, oui, pourquoi se passer de Louis Picamoles qui aurait pu amener une densité intéressante en 3ième ligne pour contrer Leamy et Ferris et surtout soulager Thierry Dusautoir quand il va falloir aller se sacrifier aux plaquages face aux lourds de service ? Dans le jeu tel qu’il est actuellement pratiqué par l’équipe de France et surtout face à un adversaire tel que l’Irlande, sa présence semblait évidente comme elle l’a été en novembre dernier face à l’Afrique du Sud. Marc Lièvremont a la chance d’avoir un réservoir de qualité qui lui permet de composer des 3ième lignes différentes selon le contexte : Ouedraogo – Harinordoquy – Dusautoir pour le jeu dynamique ( Ecosse, Nouvelle -Zélande, Pays de Galles,… ) ou Harinordoquy – Picamoles – Dusautoir pour le combat plus au prés ( Angleterre – Afrique du Sud – Irlande en ce moment,… ) avec en plus des doublures quasiment au niveau des vrais : Bonnaire pour Harinordoquy, Diarra, ou Perez pour Dusautoir, Lapandry, Nianga ou Burban pour Ouedraogo, Vermeulen pour Picamoles sans même évoquer le cas de Chabal en numéro 8. Et là, alors que le contexte s’y prête, si l’on ajoute le besoin aussi de protéger les organismes, le staff de l’équipe de France ne le fait pas. C’est d’autant plus surprenant que, justement, cela semblait être sa ligne de conduite. C’est vrai que le découpage du calendrier donne envie de vivre en autarcie sur les blocs de 2 matchs de manière à garder en qualité de travail, mais le profil des 2 adversaires, Ecosse et Irlande, aurait dû donner envie à l’encadrement de fonctionner au moins à 24 en gardant Picamoles sous le coude lors du 1er week-end et en l’intronisant ce mercredi. Bizarre…
Palisson et Clerc, rien que du très logique :
Il n’était pas question, bien sûr, de démonter une équipe en construction et ce, d’autant plus, que les incontournables Traille, Mermoz et consorts, sont toujours blessés. La question serait de savoir si une 2ième chance aurait été immédiatement donnée à Benjamin Fall mais il est blessé et il est de toute façon assez jeune pour revenir très vite, au moins lors de la prochaine tournée. Du coup, l’homme en forme du moment, Alexis Palisson, revient fort et c’est tout à fait normal, au vu de son mois de janvier, qu’il ai été préféré à Julien Malzieu à l’aile. Pareil pour Vincent Clerc, qui de toute façon était déjà dans le groupe, et dont la prestation à Edimbourg aurait méritée au moins un essai. Souhaitons, en tout cas, bon rétablissement à Aurélien Rougerie bien malheureux pour son retour. Pour une fois qu’un plaquage d’ailier était effectué dans les règles de l’art, ce n’est pas de chance…
L’équipe de France pour France – Irlande du 13 février 2010 :
Clément Poitrenaud (Stade toulousain) – Vincent Clerc (Stade toulousain), Mathieu Bastareaud (Stade français), Yannick Jauzion (Stade toulousain), Alexis Palisson(Brive) – François Trinh-Duc (Montpellier), Morgan Parra (Clermont) – Fulgence Ouedraogo (Montpellier), Imanol Harinordoquy (Biarritz), Thierry Dusautoir (Stade toulousain, capitaine) - Pascal Papé (Stade français), Lionel Nallet (Racing-Métro) -Nicolas Mas (Perpignan), William Servat (Stade toulousain), Thomas Domingo(Clermont)
Remplaçants : Dimitri Szarzewski – Sylvain Marconnet – Julien Pierre – Julien Bonnaire – Frédéric Michalak – David Marty – Julien Malzieu -