La population britannique n’a jamais appuyé majoritairement l’agression de l’Angleterre contre l’Irak en participant à l’invasion de ce pays à côté des USA. Elle ne l’a pas oubliée, non plus. Poussé depuis à mettre sur pied un comité d’enquête, le gouvernement anglais a finalement acquiescé et créé la commission Chilcot avec mandat de déterminer les raisons qui ont provoqué cette guerre et si le PM d’alors, Tony Blair, avait était justifié d’engager le Royaume-Uni dans ce conflit. La commission siège actuellement à Londres et vient d’entendre Blair, le 29 janvier dernier.
Ce qui m’a frappé dans son témoignage, c’est sa réponse à la question: « Avez-vous des regrets ? » à laquelle il s’est empressé de dire : « NON, je ne regrette rien ».
Il ne regrette pas la mort des 180 soldats britanniques, ni les milliers de blessés dont un très grand nombre sont marqués pour la vie.
Il ne regrette pas la mort de plus de 250 000 Irakiens, ni le désordre occasionné dans ce pays qui était le plus développé des pays arabes.
Il ne regrette pas la mort des 4 600 soldats Américains, ni les blessures subies par des dizaines de milliers d’autres, ni celles qu’ont connues les forces armées des autres pays de la coalition américaine.
Il ne regrette pas le coût exorbitant payé par les payeurs de taxes de la Grande Bretagne et qu’on évalue à plus de 6,5 milliards de livres sterling.
Il ne regrette pas d’avoir fait un « pacte du diable » avec le président américain GWBush, à qui il voulait plaire, et d’avoir ainsi engagé son peuple dans une longue aventure, ténébreuse et sinistre.
Il ne regrette pas d’avoir manipulé l’opinion publique en faisant croire au monde entier que Saddam Hussein possédait des armes à destruction massive alors qu’au même moment les enquêteurs de l’ONU fouillaient dans tous les coins et recoins de l’Irak et affirmaient publiquement qu’ils ne trouvaient rien. Ce qui fut confirmé par la suite.
Il ne regrette pas d’avoir menti volontairement en transformant l’histoire passée de l’Irak, sous Saddam Hussein, pour justifier ses arguments et convaincre les Britanniques de le suivre dans cette guerre qu’ils ne voulaient pas.
Il ne regrette pas de n’avoir pas écouté l’argumentation sérieuse et solide du président français Jacques Chirac qui connaissait bien le Moyen-Orient et qui l’a mis en garde des effets dévastateurs d’une telle entreprise pour l’ensemble du monde arabe et du monde occidental, ni d’avoir compris les réticences et les raisons de la Russie, du Canada et d’autres pays-amis qui refusaient de s’engager dans cette guerre illégale.
Non, rien de rien, Tony Blair ne regrette rien !
Merci Jean Chrétien d’avoir tenu la tête haute et de n’avoir pas engagé notre pays, le Canada, dans ce tourbillon de mensonges et de monstruosités.
Claude Dupras