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Les pointures du journalisme sont mal dans leurs baskets. En tout cas, c'est ce que laisse supposer le reportage diffusé ce soir sur Arte. Au programme, huit ténors (enfin, sept ténors et une soprano) des médias : Jean-Pierre Elkabach, Eric Fottorino, Arlette Chabot, Axel Ganz, Philippe Val, Edwy Plenel, Franz Olivier Giesbert, David Pujadas. Pour parler de quoi ? D'eux-mêmes ! Des médias, de la dérive que connaît actuellement la profession journalistique, de comment combattre cette gangrène. Vous l'aurez compris, ce n'est pas parce qu'ils sont en tête de gondoles que ces grands noms du journalisme adhèrent à la "philosophie" de la grande distribution de l'information.Pour David Pujadas : "La presse écrite regarde la télé, la télé écoute les radios, les radios lisent les journaux. Et on a le sentiment d’un bruit de fond médiatique avec les mêmes mots, un même regard, un journalisme des bons sentiments."Autrement dit, pour se tenir "informé", tout se vaut, et ne vaut pas grand chose.Philippe Val, le patron de France Inter, invite ses collègues à remettre les pieds sur terre : "le pire ennemi du journalisme c’est sa conviction d’être au service du Bien et de la pureté. Il n’est pas une religion. La tentation est grande de faire primer la thèse sur les faits."Les faits, y a que ça de vrai. Sans les tronquer, pour permettre à chacun de se faire son opinion. En pratique, il me semble évident que les journalistes jouent du violon quand ça leur chante afin d'influencer l'opinion publique.D'après Arlette Chabot, l'idée qu'on nous cache tout, on nous dit rien ne tient plus la route à l'ère d'internet où tout se sait et tout est déformé. "un jour vous apprendrez que vous avez été manipulé, trompé." Voilà ce qu'elle affirme, la soprano qui, l'air de rien, nous dit à demi-mot que les médias traditionnels sont encore les plus proches de la vérité.Ce documentaire m'a l'air ma foi pas inintéressant du tout. Chacun des intervenants applique avec scrupule la devise du curé, "faites ce que je dis, pas ce que je fais", dressant un bilan désastreux de leur milieu mais naviguant bien dans le sens du flux de l'info. J'aime assez ce genre d'exercice où les gens jouent la carte de la sincérité, tout en sachant bien que leurs actes quotidiens sont en totale opposition ou presque, avec tout ce qu'ils énoncent comme des règles déontologiques essentielles de leur profession.Pour plus de détails sur cette passionnante question de la légitimité des médias actuels, je vous invite à lire l'article de Marianne 2 ayant inspiré directement ce court billet et pourquoi pas, si vous ne craquez pas pour les beaux yeux de l'héroïne de Kathy Reichs ou l'humour grinçant de Dr House, à regarder le documentaire huit journalistes en colère sur Arte, ce soir 09 février 2010 à 21H20.