Regina Virserius

Publié le 09 février 2010 par Anne Malherbe

La Galerie Eric Dupont présente jusqu'au 2 mars une exposition d'œuvres de Regina Virserius.
L'artiste a photographié une série d'objets conservés par le musée des Arts et Métiers. On y voit, par exemple, le pendule de Foucault ou encore des instruments de géométrie descriptive.
Les photographies de Regina Virserius se caractérisent la plupart du temps par le choix d'un cadrage frontal et centré. Le sujet se détache sur un fond neutre avec relief et netteté.
Ces caractéristiques font subir à l'objet une étrange transformation: celui-ci est plus présent qu'il ne le serait au milieu d'un espace occupé et en même temps il paraît fantomatique, comme s'il devenait une pure image, un fantôme de réalité.
On retrouve en cela l'effet produit par les natures mortes du XVIIe siècle (celles de Sébastien Stoskopff, par exemple). L'artiste s'empare de la réalité pour en faire une pure matière visuelle.
Cela se vérifie également avec la série de solides en cristal, applications tridimensionnelles de formes géométriques. Ceux-ci en effet, avec les reflets qui s'y jouent à l'intérieur, rappellent les peintures flamandes du XVe siècle, obsédées par les jeux optiques et friandes de reflets sur des matières transparentes ou réfléchissantes.
Il n'est pas anodin que Regina Virserius ait pris pour sujet des instruments et modèles scientifiques. Ces objets, qui donnent une réalité concrète à des élaborations de l'esprit, nous invitent à considérer la nature très mentale de ces photographies. Elles transforment en pures réalités visuelles quelque chose qui, au départ, correspond aux figures et aux combinaisons que notre cerveau est capable de former.
Ces photographies, comme les objets qu'elles montrent, expriment la maîtrise de l'esprit sur la matière. En cela, elles répondent exactement à la notion de clacissisme, ce qui, pour moi, n'a rien de péjoratif. Il y a quelque chose d'extrêmement beau dans la manière dont l'esprit circonvient la matière, l'enserre, l'agence selon ses propres combinaisons, lui imprime ses propres formes, pour en faire finalement ces objets à la fois si concrets et si irréels que sont ces photographies.
(les images: courtoisie Regina Virserius et galerie Eric Dupont)