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Infirmier : un métier d'avenir ?

Publié le 09 février 2010 par Melanieinfirmiere
Lettre ouverte d'un IADE à la profession infirmière (OU HISTOIRE DE VOIR A QUEL POINT LE GOUVERNEMENT SE FOUT DE NOUS!)        Écrit par Eric DELMAS    18-01-2010 Lettre ouverte d'un IADE à la profession infirmière Réaction d'Eric Delmas au protocole de "revalorisation salariale" 17 janvier 2010   Le projet de réforme du ministère est la pire escroquerie jamais proposée dans le monde la santé, et c'est bien sûr les infirmiers qui doivent en être les dupes. C'est une escroquerie dont l'évidence saute immédiatement aux yeux des plus âgés d'entre-nous mais qui concerne de la même manière les plus jeunes.   Passage en catégorie A sédentaire : Cela aura trois impacts très négatifs sur nos carrières et sur notre vie personnelle. 1/ Perte du droit de partir en retraite avant 60 ans. Théoriquement il semble impossible de partir en retraite avant 60 ans vu les 41 annuités de cotisation exigées (et bientôt 42). Pourtant en cumulant les droits naturellement acquis et les abattements liés à l'exercice actif en fonction publique (1 an tous les 10 ans), voire en y ajoutant les décotes liées à l'éducation des enfants, nombreux sont ceux qui pourraient partir à taux plein avant 60 ans. Avec cette réforme, c'est fini et, même 60 ans deviendra un horizon difficile à atteindre pour beaucoup d'entre-nous. À titre d'exemple, célibataire sans enfant, je pense partir à la retraite vers 57 ans à taux plein alors que je devrai attendre au moins 61 ans dans le nouveau système et que je ne bénéficierai de l'augmentation annoncée (et fausse en plus) que de 2015 à 2018 !   2/ Perte de la décote des fonctionnaires actifs. Comme je viens de le dire cette décote peut faire gagner jusqu'à 4 ans de cotisations si l'on conserve le statut actif et que l'on refuse le statut sédentaire. Certes les plus jeunes argueront que les augmentations de salaire annoncées compenseront cet inconvénient. C'est faux et je le prouve. Non seulement les chiffres avancés sont faux car basés sur des calculs optimistes qui “oublient” opportunément qu'une partie de notre rémunération est fluctuante (prime annuelle) et dépend de paramètres sans rapport avec notre compétence, sans parler du fait que les grilles à deux niveaux (classe normale et sup.) créent un différentiel injuste et de nature à fortement fausser ces chiffres apparemment merveilleux. En outre, ceux qui refuseront auront aussi des augmentations, même si elles resteront très faibles. C'est donc le différentiel qu'il faut étudier et non les données brutes. Enfin, ces chiffres méprisent notre profession en omettant de remarquer que notre formation (de Bac + 3 à Bac + 5), nos responsabilités professionnelles et les risques que nous subissons sont sans rapport avec les grilles actuelles. Il suffit de se comparer à des professions extérieures à la santé pour s'en convaincre. Récemment la grève des conducteurs du RER A à Paris nous a prouvé à quel point notre salaire est misérable et méprisant. Le retard est de l'ordre de 25 à 40% et l'on nous propose au mieux que 4% d'augmentation.   3/ Perte des heures supplémentaires réellement effectuées. Les sédentaires (demandez à vos cadres) ont un quota d'heures supplémentaires qu'ils dépassent allègrement sans les récupérer. Voulez-vous ouvrir cette boîte de Pandore et travailler 48 heures payées 35 ?   Que cache le gouvernement derrière cette réforme ? Il y a plusieurs raisons pour expliquer l'urgence du gouvernement :  1/ retarder les départs en retraite des infirmiers, ou plutôt les étaler sur une dizaine d'années au lieu d'assister à une envolée de moineaux entre 2012 et 2015 (tiens quel hasard que ces dates correspondent à celles annoncées pour la réforme). Ainsi il serait plus facile de limiter la casse dans le secteur de santé car on va au devant d'un véritable tsunami politique qui devrait mettre la population française dans la rue quand les soins ne seront plus possibles faute de soignants. À ce moment là croyez bien que le gouvernement sera moins à l'aise pour discuter avec ceux qui resteront sur le montant des augmentations de salaire et sur leur dates de départ en retraite.  2/ disposer d'effectifs infirmiers acceptables pour organiser les transferts de compétences médicales destinés à compenser les départs en retraite des médecins qui ne pourront guère être davantage retardés. Du coup on aura un système où l'on verra nos responsabilités augmenter sans reconnaissance statutaire et salariale. Double bonus pour Sarkozy !  3/ poursuivre la politique de restriction envers la santé destinée à devenir ce que même le système Thatcher ou Bush n'avaient jamais osé rêver. Il ne faut pas oublier que nous avons vécu une répétition générale de ce principe avec la réforme du statut des sage-femmes. On les a mise en statut médical sans aucun avantage (l'augmentation de revenu fut plus que symbolique) mais avec tous les inconvénients sur la retraite, les heures supplémentaires et les responsabilités (donc les primes d'assurance). Avec les infirmiers, le gouvernement veut faire mieux encore.   Connaissant la pénibilité de notre travail et sachant que très peu d'infirmiers atteignent l'âge de la retraite quand ils ont exercé cette profession depuis le début de leur carrière professionnelle - durée de vie professionnelle de 12 ans actuellement - et que ceux qui partent en retraite le font le plus souvent en invalidité (donc avec moins de santé et moins d'argent), êtes-vous prêts à réduire encore plus vos chances d'en profiter pour le seul bénéfice d'un gouvernement qui s'échine à nier sa responsabilité collective dans le délabrement terrible de notre système de santé ?   Que se passera-t-il si nous refusons collectivement le nouveau système ?  1/ Le gouvernement se retrouvera à la fin de l'année avec une profession prête à se battre pour une vraie reconnaissance et avec... un an de moins pour la négocier.  2/ La situation de pré-implosion de la santé française aura continué de progresser et se verra encore mieux qu'aujourd'hui augmentant de fait la pression sur le gouvernement.  3/ La profession se sentant unie sur ce sujet sera mieux préparée à une lutte efficace si le gouvernement tente de nous imposer son système de force.  4/ Devant l'urgence de la situation, syndicats et ordre infirmier devront cesser leurs querelles ridicules pour agir ensemble pour la profession.  5/ La négociation pourra aborder tous les points actuellement en litige : vraie reconnaissance universitaire et seulement professionnelle pour tous les infirmiers (avec équivalence reconnue pour les plus anciens), vraie reconnaissance salariale de la compétence actuelle et des compétences que le futur nous amènera à exercer, formations adaptées à la mise en place du projet Berland de glissement de compétences, fin de la discrimination salariale par la mise en place de grilles de salaire linéaires, statut professionnel adapté à nos nouvelles responsabilités et compétences. Voilà en quelques mots les axes de réflexion que je vous engage à développer et à diffuser largement en attendant que l'ordre infirmier réalise sa première vraie opération de prestige en prenant la tête de ce combat contre la destruction de nos professions.   Éric DELMAS, infirmier anesthésiste (IADE), ancien participant aux luttes infirmières de 1984 (décret de compétences), 1988 et 1991 (revalorisation de la profession infirmière et des spécialités), membre de la Coordination infirmière de 1988, partie prenante du projet d'ordre infirmier dès 1990, fondateur du premier site infirmier généraliste français (Infiweb) en 1996, participant aux mouvements de lutte infirmiers spécialisés et cadre de 2000 et 2001 qui ont abouti à une reconnaissance effective (grille de salaire en catégorie A active) de ces professions.   Je vous remercie de diffuser ce message sur tous les supports auxquels vous avez accès afin d'informer au mieux la profession.

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