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Mes yeux voyagent plus surement. Ils découvrent des horizons magnifiques en de secrets vallons ils se reposent de cette agitation notoire que rien n’arrête. Mes yeux jamais ne se lassent de parcourir des mondes invisibles. Ils partent du plus secret de cet état où mes sens s’éveillent. Ils voyagent librement sans que nul ne puisse en arrêter le vol. Ils volent gratuitement sur des longs courriers de délice, plongent avec allégresse en de multiples dialectes sans que nul ne leur demande de brandir le moindre papier. Mes yeux n’ont point d’identité à décliner. Revenant de mondes ignorés, ils ne voient aucune frontière. Ils jouent à saute montagne, franchissent les océans sans vergogne. Ils boivent à même la bouche de sirupeuses sirènes le suc de leur immortalité. Mes yeux traversent le temps, voguent en d’autres pays, jouent avec le déroulement des heures. En chaque aéroport des rêves, le tapis rouge de l’avenir et du passé se déroule sous leurs pas. Mes yeux voient. Ils invitent à sentir, par delà ce qu’ils voient. Ils sont fidèles autant que peuvent l’être ces fragiles organes que les lumières crues du monde cherchent à aveugler. Mes yeux se plissent dans le grand soleil et aiment la pénombre et les soupirs. Mes yeux me promènent. Ils sont faits pour voir par-delà ce qui se présente. Ils se délectent d’un pas chaloupé, observent les courbes alanguies, à l’ombre de bosquets fleuris. Ils se ferment pour laisser les mains œuvrer par delà l’iris. Mes yeux sont le ferment d’une autre pensée lorsqu’ils lisent entre les lignes ce que le jour leur réserve. Ils boivent, chaque jour à la source de toute écriture. Mais c’est pour mieux libérer leur voyage et prendre un billet sans retour vers ces rives où ils se savent attendus. Au matin, ils bâillent d’avoir trop rêvé…
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Juste soupir entre deux flocons
Temps suspendu aux lèvres du désir
Paupières baissées
*
Frêle attente au nid douillet
Vol indécis sous l’ondée glacée
Juste soupir entre deux flocons
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Manosque, 4 janvier 2010
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