Bon, allez, il traîne depuis trop longtemps

Publié le 08 février 2010 par Francisbf

Ca fait longtemps que je me dis qu'il faut que je fasse un article sur le thème de la procrastination. Ha bé oui, hein, on parle mieux de ce qu'on connaît le mieux. Et même si j'ai mis un peu de temps à apprendre à dire procrastination, j'ai assez vite compris de quoi il s'en retournait.

Pour les ignares qui ne sauraient pas, la procrastination, c'est l'art de remettre à plus tard ce qu'on se dit dans les tréfonds de notre âme que quand même, ce serait bien de le faire maintenant. Comme par exemple, le fait de faire un article sur la procrastination, qui m'est venu il y a longtemps, c'est pour ça que ceux qui ont compris ont craché leur soupe au potiron (du moins ceux d'entre vous, que j'envie, qui mangeaient de la soupe au potiron) sur leur écran en s'étranglant de rire devant la première phrase, qui est du genre rigolote, parce que remettre à plus tard un article sur la procrastination, c'est de la procrastination, donc j'illustrais mon thème en ne le faisant pas, et du coup, en le faisant, j'abolis le cercle infernal de la procrastination dans un effet de style qui mériterait un nom allemand avec Gestalt dedans.

Mais comment parler de la procrastination sans parler de soi ? Hein ?

Voilà une question que je me remercie de m'avoir posé. C'est grammaticalement faux mais humoristiquement très stylé, une fois de plus, parce que vous voyez, d'habitude, on dit aux gens c'est une question très intéressante je vous remercie de me l'avoir posée, mais là comme vous ne me parlez pas vu que l'article n'est pas fini d'être écrit, je me la pose.

Je me rends compte que je tends à devenir comme un oncle à moi, qui explique ses blagues une fois qu'elles ont fait un flop, et non pas un glop comme je l'ai tapé en premier, parce que les lettres f et g sont juste à côté sur le clavier, ça faisait genre Pifou, il faisait glop-glop Pifou, ça ne rentre pas dans le thème de l'article à proprement parler, mais ça me semblait bien de marquer une forme de reconnaissance à Pifou qui fut un des socles de ma jeunesse avec Babar et Biboundé, et si on commence à renier ses racines, on devient vite quelqu'un sans identité nationale, tout ça.

C'est amusant quand même, de noter qu'un des socles de ma jeunesse était l'oeuvre d'un dénommé Michel Gay, et que ça n'a pas eu la moindre influence sur la construction de ma sexualité. Je n'ai jamais désiré de pingouin mâle.

Enfin, pas consciemment, du moins. Je n'ai pas pris le temps de sonder les profondeurs de ma psyché comme je devrais, parce que j'avais autre chose à faire, comme écrire un article sur la procrastination, ce qui me fait retomber sur mes pieds, sans pour une fois que je ne pousse un hurlement sauvage de bête blessée. Parce que ces derniers temps, ça va pas mieux les genoux, dès que je tente de les plier un peu trop avec mon poids par dessus. Je veux dire, si je plie les jambes comme ça (vous ne voyez pas, mais je suis assis et je lève la jambe et je la plie), ça va, mais si je fais ça (je prétends que je me lève, vais jusqu'au frigo et m'accroupis pour prendre un coca dans le compartiment du bas), je hurlerais comme le vent dans les tours de Big Ben par une nuit sans lune de coupure électrique dans Londres.

Mais comme je ne suis pas une gonzesse, même si je reste fan de Michel Gay, je pleure intérieurement (puis de toute façon, y'a personne dans le coin pour me faire un bisou magique).

J'ai oublié ce que je voulais dire, du coup. En plus, je regarde un match de basket en même temps, et une marseillaise essaye de me faire dire des méchancetés sur Picsou sur MSN. Comment voulez-vous ?

Ha oui. La procrastination. La malédiction qui fait de ma vie l'enfer qu'elle est. La peste qui ronge mon âme et fait monter le rouge au front creusé de crevasses de mon malheureux père, patriarche impuissant devant la déréliction de la vie de son fils aîné, son unique héritier, l'espoir d'une vie de labeur consacrée à mettre les siens à l'abri du besoin en leur inculquant la valeur du travail fait en temps et en heure.

Procrastination. Vieille salope. Tu me rends vulgaire.

Tout ça pour en venir au fait que putain, il faut que je m'occupe des papiers pour ma malle, encore désolé de la laisser traîner dans la véranda depuis deux mois, ma soeurette.

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