Rien à voir avec la publicité de Bahlsen dans les années 60 où un “Monsieur Plus” était chargé de pousser les ouvriers de l’usine de confiserie afin de renverser du chocolat “en plus” dans les produits. Les petites “gâteries” dont le ministre de la “Rafle et du Drapeau” entend nous gratifier n’ont pas la douceur onctueuse du bon chocolat… tout au contraire. Elles ont peut-être la même couleur mais point du tout la même bonne senteur.
Bref, lis-je sur le Nouvel Obs Eric Besson veut pérenniser le débat sur l’identité nationale. Sans doute n’a-t-il pas eu tout son content et s’y complait-il comme cochon dans sa bauge. Peut lui chalent les dérapages sans nombre, aussi bien sur le blog dédié à ce débat que dans les réunions publiques où les dirigeants de l’UMP semblent avoir fait concours d’inélégances. Il semble ne le regretter que fort modérément.
Il se dit tout au contraire “heureux et fier d’avoir porté ce débat public”. Certains ont l’honneur et la fierté très mal placés. Ses grands ancêtres putatifs – non ce n’est pas une injure ! c’est juste pour vous faire regarder dans le dico… - de l’entre-deux-guerres et de l’Occupation n’étaient pas non plus habités par la honte du déshonneur. Elle leur fut infligée à la Libération. Le tribunal de l’Histoire le jugera sans doute aussi sévèrement.
Nous aurions, dit-il caricaturé grossièrement ce débat. “J’oublierai vite le plus insultant : d’un débat conçu pour unir, rassembler, des voix s’autoproclamant légitimes ont voulu faire un débat dont l’objet aurait été de stigmatiser les étrangers, les Français d’origine étrangère ou les musulmans”. Pour lui, “rien n’est plus vil. Rien n’est plus faux”.
C’est quand même ce qu’il en est ressorti. Y compris dans la prise de position de Nicolas Sarkozy. S’il y a bien quelque chose de vil dans tout cela, c’est précisément ces remugles particulièrement nauséabonds que l’UMP aura réussi à faire remonter des égouts.
Réunir et rassembler ? Allons-donc ! Oui : les Français bien blancs, bien cathos de droite, ayant du sang français - depuis au moins huit générations pour certains… Ce qui fait penser en même temps aux quartiers de noblesse et aux exigences de la ségrégation raciale des Etats-Unis ou de l’apartheid en Afrique du Sud.
Mais surtout, pas question d’accueillir ceux qui ont eu la malchance de naître ailleurs – surtout en Afrique, du Nord ou subsaharienne – et/ou de professer une autre religion : musulmans, surtout. Passez votre chemin. Vous êtes persona non grata.
Puisqu’il entend prolonger indéfiniment le débat, il conviendrait selon lui “d’éviter pour l’avenir les arguties sans intérêt” : opposer identité et unité – ou autre version : identité et diversité. Mais c’est bien sûr ! puisqu’il nous veut tous semblables, issus du même moule. Autant je ne supporte pas les communauta-rismes, autant il me paraît insupportable de nier la diversité culturelle pour autant qu’elle ne cherchât point – comme la burqa – à imposer des schémas contraires aux valeurs laïques et républicaines.
“Autre controverse stérile”, pour Eric Besson, “celle qui prétendrait opposer ‘identité’ et ‘citoyenneté’”. A ce titre, le ministre note que “c’est toujours, pour l’heure, dans le cadre national que s’exprime d’abord la citoyenneté, l’exercice des droits et des devoirs des individus”.
Il y a quelque chose de fort malhonnête dans ce raisonnement qui oppose “nation” et “citoyenneté”. Si l’on se réfère à l’étymologie c’est l’évidence même. Nation vient de “natio” (naître). Dans le sens le plus ancien, on l’entendait par un groupe humain auquel on supposait une origine commune. Quitte à se référer à des mythes des origines qui n’ont jamais manqué. A l’époque moderne, on parlera plus volontiers d’un groupe humain qui se caractériserait par la conscience de son unité géographique, historique et culturelle lato sensu ainsi que la volonté de vivre ensemble : le plébiscite dont parlait Renan dans sa fameuse conférence Qu’est ce que la Nation ?
Citoyenneté vient de “Cité” au sens ancien des cités grecques de l’Antiquité. Athènes, surtout. Certes, les “métèques” – les étrangers à la cité – n’y avaient pas de droits civiques si je puis me permettre cet anachronisme puisque la Cité latine qui donne “civis” - ce qui a trait à la cité et à l’exercice de la citoyenneté - est une création postérieure la cité grecque.
Pour l’instant, il me semble que l’on demande aux étrangers vivant en France de respecter beaucoup de devoirs tout en leur accordant peu de droits. Sans même parler des discriminations, la couleur de la peau tenant lieu d’Etat-civil et de passeport. A peu près de la même veine que certains Italiens à l’égard des noirs : tu ne peux pas être Italien puisque tu es noir.
Pour faire bonne mesure, il a exprimé le souhait que les étrangers régulièrement installés en France puissent obtenir le droit de vote aux élections municipales. Je doute de la constitutionnalité de ce projet – qui de toute façon impliquerait une réforme constitutionnelle - dans la mesure où il entend sélectionner les étrangers et réserver ce droit “aux ressortissants des pays qui furent colonisés par la France, qui sont des pays francophones, qui ont appartenu à notre République, et qui sont aussi ceux qui entretiennent avec elle les liens les plus profonds et anciens”. Ce qui est évidemment contraire au principe d’égalité.
Cela fera par ailleurs rire – très jaune – tous les candidats à l’immigration qui n’obtiennent pas de visa et les nombreux expulsés ou sans-papiers traqués et menacés d’une reconduite à la frontière vers les anciennes colonies françaises d’Afrique du Nord ou subsaharienne dont les grands parents ont servi sous le drapeau français pendant les deux guerres mondiales et dont beaucoup sont morts sur les champs de bataille.
Je pense que cela relève chez Besson du vœu pieux. Pour se donner bonne conscience. Je lis sur le Monde du 5 janvier 2009 que M. Sarkozy exclut de donner le droit de vote aux étrangers. On aura garde d’oublier que le même Nicolas Sarkozy souhaiter instaurer cette mesure en 2005 mais qu’il n’en fut plus question en 2007. La raison en est fort simple : il souhaitait déjà ratisser le plus largement possible l’électorat lepéniste. Il a fait bien passer d’autres pilules avec sa réforme de la Constitution et il eût pu faire passer celle-là dans la foulée. Mais bernique ! Ce n’était qu’une UM/Posture de plus.
Cette identité nationale bien franchouillarde existe : il l’a rencontrée. Pour lui “les Français la définissent clairement et veulent la consolider”. Elle est néanmoins tellement assurée qu’il souhaite instaurer lis-je sur Le Monde du 10 janvier 2010 une charte des droits et devoirs que devraient signer tout jeunes Français(e) à leur majorité «un serment, une charte, quelque chose qui l’attache à la République”.
Pour faire bonne mesure, il ne lui restera plus qu’à nous faire chanter «Sarkozy, nous voilà» !