En France c’est bien connu, tout finit par des chansons, à boire, paillardes ou patriotiques. Débattre du sexe des anges, de l’identité nationale ou de la sauvegarde de la (vraie) galette-saucisse ne saurait se concevoir sans coups à boire ni chansonnette à pousser.
Le répertoire est heureusement large : il pleut, il pleut bergère pour les débats sur le réchauffement climatique, le p’tit vin blanc pour ceux sur la sécurité routière, l’internationale pour clôturer le banquet annuel des cocos à la retraite… Ce n’est heureusement pas le choix qui manque.
C’est pourquoi seuls les mauvais Français ou les immigrés qui n’ont pas cru devoir faire l’effort d’adopter nos usages, s’étonneront de l’importance accordée par le séminaire gouvernemental sur le Grand Débat Identitaire au drapeau tricolore et, surtout, à la Marseillaise.
Dans cet esprit, il aurait donc été décidé d’ériger à Marseille un mémorial à la Marseillaise. Les esprits chagrins objecteront sans doute que c’est historiquement « limite », vu que notre hymne national fut composé à Strasbourg et à la gloire des volontaires de l’Armée du Rhin, pas sur le Vieux Port à celle de la bouillabaisse.
Chez « Restons Correct ! » nous n’y trouvons rien à redire car il est clair que ce choix est d’abord destiné à ne pas embrouiller plus que de raison les hordes de plombiers polonais et de clandestins afghans, impatients comme chacun sait d’adhérer aux valeurs de notre République Une et Indivisible.
Reste qu’au nom de l’égalité entre les territoires de la Nation et à propos de valeurs, il serait sans doute équitable de ne pas limiter cette heureuse initiative chansonnière à la seule cité phocéenne.
Le gouvernement pourrait par, exemple, initier la construction d’un monument à la gloire des Filles de Camaret sur la place de ce charmant port armoricain.
Juste histoire de flatter les fiertés locales et d’y calmer les pêcheurs de thons…