Les Britanniques firent édifier au XIXe siècle une imposante cathédrale en style gothique, aujourd'hui devenue l'université de Mumbai, où une demi-douzaine de personnes, dans les sous-sols, travaillent âprement à sauvegarder le patrimoine indien. Laboratoire avec air conditionné, ordinateurs et scanners, produits chimiques et étagères métalliques sur lesquelles sèchent des livres entiers, les scientifiques restaurent patiemment des ouvrages rares, pour leur rendre leur gloire d'antan.
Pour les générations futures...
« Les générations futures doivent savoir quelle est notre histoire. Pour ce faire, nous devons la préserver », explique Kirti Joshi, conservateur adjoint. Évalué à 2,5 millions de roupies (environ 40.500 € - nous sommes loin des centaines de millions du Grand Emprunt en France), le projet débuté l'an passé touche à sa fin. Avec près de 3200 ouvrages (soit 100.000 pages), tous numérisés selon les normes de l'UNESCO et 88.000 autres pages restaurées, le personnel affairé sait que la tâche est pourtant immense.
L'argent met les nerfs (à la guerre)
Mais il faudra trouver l'argent pour que les 500.000 ouvrages de l'université sur une collection de 800.000 soient conservés numériquement. Répondant à l'AFP, Amol Divkar rétorque que tout le monde ici souhaite montrer « malgré les contraintes » que ce projet peut aboutir merveilleusement. Si l'Inde représente un trésor historique pour l'humanité, son patrimoine a pâti de la situation du pays au fil des siècles. Et aujourd'hui encore, le financement représente un véritable parcours du combattant : obtenir de l'aide des pouvoirs publics est un calvaire - processus lent et formalités administratives redoutables.
Car, en dépit de la bonne volonté, les personnes qualifiées manquent tout autant et comme l'argent fait défaut, on cherche des solutions alternatives. C'est alors que Tata Consultancy Services, développeur de logiciels le plus important d'Inde, a apporté ses services, pour près de 200.000 ouvrages.
Des solutions de bric et de broc...
Un programme d'adoption des livres a même était lancé, pour que des mécènes financent la restauration, sur le mode des campagnes impulsé par des organismes humanitaires. L'idée a fait son chemin et fonctionne plutôt bien. « Le principal, c'est d'obtenir que les donateurs adoptent les livres ou alimentent les coffres pour nous permettre de les restaurer », explique Aroon Tikekar.
Pour préserver le papier des insectes, de l'humidité ou des rongeurs, qui chacun ont des effets désastreux, l'impératif dépasse le simple cadre scientifique. « Nous disposons de ces choses, parce que nos ancêtres les ont produites et nous les ont données. Si nous ne parvenons pas à les préserver, alors nous aurons échoué », conclut Divkar.