Notez doublement la date du 15 avril : dans un premier temps parce que le Musée des lettres et manuscrits présentera l'exposition Proust, du temps perdu au temps retrouvé, et dans un second temps, parce que c'est l'anniversaire de notre bien-aimé directeur, Nicolas Gary, loué trois fois soit son nom... Mais parlons plutôt de l'exposition, cette dernière mérite plus d'attention.
C'est au 222 boulevard Saint-Germain que l'on vous donnera rendez-vous et jusqu'au 29 août, pour retrouver quelque 160 manuscrits de l'auteur, dont certains sont inconnus du public. « Seront exposés aussi bien des lettres que des manuscrits, des dessins, des photographies ou des éditions originales, couvrant presque toute la vie adulte de l’écrivain, de 1894 à sa mort en 1922. Six pièces avaient déjà été montrées dans l’exposition « Marcel Proust » de la BnF en 1965, mais de nombreuses autres sont exposées pour la première fois et ne figurent pas dans l’abondante bibliographie consacrée à l’écrivain. »
Les fonds proviennent de deux bibliothèques acquises par Aristophil, celle d'André Maurois et de son épouse, Simone de Caillavet, ainsi que celle de Suzy Mante-Proust, nièce de Marcel.
Une source de renseignement tout à la fois sur l'auteur et son oeuvre, tant dans sa genèse que sa rédaction, et qui permet de saisir le regard que Marcel portait sur La recherche, ce « roman plein de malédictions ». On découvrira le manque d'affection pour Swann ou À l'Ombre des jeunes filles en fleur, « trop fade » à son goût. Je ne pensais pas m'entendre avec lui une fois dans ma vie, tiens.
Aussi apprendra-t-on que Marcel n'était pas que ce mondain qui travaillait au lit et qui longtemps s'est couché de bonne heure. Au menu, 86 lettres de sa correspondance, cinq manuscrits, deux placards, et cinq dessins, et ainsi de suite, on ne va pas tout vous dévoiler, ce serait gâcher une partie du plaisir.
« Le spectacle, le temps, le souvenir, l’amitié… les sujets chers à Marcel Proust s’entremêlent afin de recréer l’atmosphère proustienne : toute une gamme de tonalités d’un écrivain en contemplation, mais jamais contemplatif, toujours dans l’action d’écrire, de rencontrer, de raconter… de proustifier comme disent ses proches, dont les témoignages furent nombreux après sa mort », estime Estelle Gaudry, commissaire de l'exposition.