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La fin du XVIIIe siècle marque un changement radical dans la Mode. Le périodique qui témoigne le mieux de cette modification
est le Journal des Dames et des Modes fondé à Paris en 1797, et dont Pierre de La Mésangère devient rapidement le directeur. Toutes les
gravures que nous présentons dans cet article sont d'époque et proviennent de ce journal. La première (planche 288 de l’an IX pour 1800) représente un Muscadin semblable aux Incroyables de la
gravure de l’article du lundi 24 septembre 2007 intitulé : Café des Incroyables. Ma parole d'honneur ils le plaisante.
1797. Cette
estampe est particulièrement belle et la posture du modèle très élégante. Son port est gracieux et son geste de la main est une manière de langage propre aux Incroyables et
Merveilleuses.
Le Journal des Dames et des Modes représente donc les modes de son temps. Les jeunes femmes portent alors de longues
tuniques, des drapés … La silhouette change du tout au tout. La modernité s’affiche épurée. Elle s’inspire de l’Antiquité comme sur l’estampe 320 de l’an IX (1800) où la coiffure est décrite
comme étant « Antique ». Des Amazones se promènent dans Paris les seins nus ou à peine voilés comme sur la gravure n°322 de l’an IX (1800). Certaines portent même les cheveux courts.
Sur la gravure 25 de 1798, « dessinée d’après nature sur le Boulevard des Capucines », la jeune fille a une coiffure dite textuellement « en porc-épic ». Une des origines de
cette mode aurait été instituée en solidarité avec des condamnés à l’échafaud de la Révolution, cette coupe (au ras de la nuque) imitant celle de ces derniers ou dernières avant de passer à la
guillotine. On lui donne alors le nom de « coiffure à la victime ». Dans l’article du 26 octobre 2007 intitulé Les Oubliés, nous faisons référence à ces bals des victimes. Ceux-ci
généralisent la mode des robes gréco-romaines et ces cheveux. Les découvertes archéologiques du XVIIIe siècle mettent au goût du jour d'autres coupes de cheveux courts appelées « coiffures à
la Titus » du nom du fils de Brutus que l’acteur François-Joseph Talma (1763 - 1826) joue avec cette coupe qu’il porte aussi en ville (sur cet acteur consulter Wikipédia). Nous verrons dans un autre article
combien le théâtre influence, répand et créé les modes alors. Cette coiffure est portée aussi bien par les femmes que par les hommes.
Le Journal des Dames et des Modes est sans doute la dernière grande revue de mode du XVIIIe siècle. Elle marque la
transition avec le XIXe. A travers elle on voit la mode changer. Le Premier Empire est encore plein de fantaisies, les hommes portent de très hauts chapeaux et même les soldats s’inspirent des
Muscadins et Incroyables pour se vêtir. Mais ensuite les habits des hommes deviennent plus sombres et surtout beaucoup plus sobres. Le Romantisme prend la relève avec quelques ‘Jeunes Frances’ et
le dandysme fait son apparition dans l'hexagone. Les femmes portent à nouveau le corset, des robes amples et de nombreuses fioritures, mais d’un style tout à fait
différent.