Le coeur cousu

Publié le 08 février 2010 par Lael69
Carole Martinez


Gallimard
Folio
Paru en Avril 2009
442 pages

Prix Renaudot des Lycéens.
Prix du Premier Roman de Draveil
Prix Ulysse du Premier Roman
Prix Ouest France Étonnants Voyageurs
Prix Emmanuel Roblès
Coup de cœur des Lycéens de Monaco
Bourse de la Découverte Prince Pierre de Monaco
Bourse Thyde Monnier.

Quatrième de couverture: Dans un village du sud de l'Espagne, une lignée de femmes se transmet depuis la nuit des temps une boîte mystérieuse... Frasquita y découvre des fils et des aiguilles et s'initie à la couture. Elle sublime les chiffons, coud les êtres ensemble, reprise les hommes effilochés. Mais ce talent lui donne vite une réputation de magicienne, ou de sorcière. Jouée et perdue par son mari lors d'un combat de coqs, elle est condamnée à l'errance à travers une Andalousie que les révoltes paysannes mettent à feu et à sang. Elle traîne avec elle sa caravane d'enfants, eux aussi pourvus - ou accablés - de dons surnaturels. Carole Martinez construit son roman en forme de conte: les scènes, cruelles ou cocasses, témoignent du bonheur d'imaginer. Le merveilleux ici n'est jamais forcé: il s'inscrit naturellement dans le cycle de la vie.
"Je suis ce dernier vers, cette main rouge, enluminée de henné, qui mit fin à notre course folle, je suis celle qui obligea ma mère à se coucher. Je suis le bout du voyage. Je suis l'ancre et je ne peux qu'écrire pour que meure l'histoire qui nous berce et nous mure et fait de nous des êtres différents, intraduisibles et étranges à tous. "


Amanda
:" On ne peut cependant que s'emerveiller de la faculté d'invention de Carole Martinez"
A propos de livres:"C'est un livre vraiment dépaysant !"
Argantel : "J'ai adoré ces personnalités multiples, denses, aimantes, pleines de poésie."
BelleSahi : "On vibre. On est étourdi. On frissonne."
Clarabel :"C'est fou, sensuel, pittoresque, paré de mille couleurs, éclatant de poésie, violent. C'est long, mais bon."
Emeraude:"Un premier roman remarquable, qui donne envie d'aller se jeter dans les bras des gens qu'on aime !"
Fashion:"On y sourit et on y pleure, ému par les destinées de ces femmes si proches et si lointaines, à la fois femmes du peuple et femmes de légendes. Magistral."
Florinette:"Ce roman aux allures de conte, servi par une écriture puissante et élégiaque, est tout bonnement magnifique."
Leiloona :"En fait, ce livre a l'étoffe d'une épopée et Carole Martinez celle d'un aède grec."
Lilly :"Il ne s'agira pas pour moi du roman de l'année, mais il est incontestablement doté d'un pouvoir de séduction très fort."
Restling :"Le style ensuite, est la plupart du temps très lyrique, fourmillant de métaphores grandioses et magnifiques, qui m’ont parfois serré le cœur et fait monter les larmes aux yeux."
Karine :"Et il est rare que je m'extasie à ce point sur le style d'un roman mais cette fois, la plume de l'auteure m'a fait vibrer de façon remarquable. Lyrique mais jamais obscure. "
Liliba :"Le coeur cousu, c'est ce que nous devrions tous avoir au fond de nos poches : un bout de tissu qui deviendra vivant et palpitant par la grâce de nos pensées, de nos bonnes actions, par l'attention portés aux autres, par l'amour..."
Aifelle :"J'ai été subjuguée par la beauté de l'écriture, ce livre a enchanté ma semaine, je l'ai savouré lentement."
Sybilline :"Il est à peine croyable que ce livre soit un premier roman, tant sa forme témoigne d'une maturité et d'un raffinement d'écriture exceptionnels ainsi que d'une poésie et d'une richesse symbolique rares..."
Theoma :"Comme son histoire, un livre qui devrait se passer de femmes en femmes, de mère en fille

D'autres avis sur
Blog o Book(veuillez me pardonner pour tous ceux et celles que je n'ai pas cité!)
Lu dans le cadre du Challenge Les coups de coeur de la blogosphère organisé par Theoma, Le coeur cousu a fait son chemin jusqu'à mon coeur. Une lecture longtemps repoussée par les avis très nombreux, je ne savais plus si j'avais envie de le lire parce que tout le monde l'adorait. Puis je me suis lancée et voici ce que j'en ai pensé :
Une saga familialeEn plein coeur de l'Espagne, dans un petit village reculé, l'histoire d'une famille où les femmes sont fortes, courageuses, descendantes d'une longue lignée de guérisseuses. De mère en fille, le pouvoir des mots se transmet, chaque fille de Frasquita Carasco aura un don particulier: coudre, chanter, voir la Mort...L'histoire nous est racontée par Soledad, la dernière née et l'on suit avec un attachement profond la vie de sa mère: son talent pour la broderie, son mariage, son rôle de mère...son combat de tous les instants face au regard malfaisant des gens du village. Des femmes de poigne, qui n'abandonnent pas, s'accrochent à la vie avec des mains douces, protectrices et fermes.
Une traversée épique
Le roman se forme autour de trois parties: la rive, la traversée, l'autre rive nous menant de l'Espagne jusqu'au désert africain. Frasquita entreprend un long voyage, fuite d'un pays en proie à la révolution, à la violence. Une bataille parmi tant d'autres qui ont mis en danger ses enfants, la rencontre d'un ogre, les médisances des habitants du village, le jugement, les rumeurs... Long voyage pour la liberté, longue épopée vers la délivrance où s'emmêle la quête du bonheur, le destin des filles Carasco, magie et conte...
Une écriture libérée de tout conformisme
Ce qui fait la force d'une telle oeuvre littéraire c'est le style unique de Carole Martinez. Premier roman porté par une plume libre, vivante, enrichie de métaphores magnifiques et poétiques pour parler au coeur. Carole Martinez tisse des histoires où la réalité s'est mêlée aux fables...tout s'imprègne d'un réalisme magique proche de Chocolat amer ou de Cent ans de solitude... Une écriture empreinte d'une grande force d'évocation. Tout y est symbolique. Pourtant le destin des Carasco est dur, semé d'embûches mais la manière dont les mots coulent est merveilleuse. Un livre qui malgré les dangers, les épreuves, nous réconforte par cette manière de dire...On se blottit dans ce coeur cousu, on se réchauffe par ses atours parfois sensuels et pleins de charme.
De mère en fille, une histoire de femmes
Le réalisme magique est fortement marqué par cet objet précieux: une boîte vide transmise de générations en générations contenant au moment propice de sa découverte ce qui fera la force et la volonté des femmes Carasco et de Frasquita. Une boîte qui fait office de légendes, brodées autour du pouvoir des prières. Bientôt un village entier parlera de superstitions, de sorcières...conférant au récit une part belle au poids de la tradition, des religions, des femmes rebouteuses qui aident à accoucher. De mère en fille, il y a l'amour, le sang, la filiation...puis il y a ce coeur cousu pour la Vierge, témoin de cette transmission prodigieuse.
Un condensé de sentiments
Impossible de rester de marbre face à une telle richesse littéraire et esthétique. Naturellement, Carole Martinez nous livre une histoire extraordinaire, où les sentiments palpitent. On pleure, on rit, on souffre aussi, on a peur...Un roman vibrant, qui prend au coeur, qui de fil en aiguille parvient à se frayer un chemin vers nos propres résonances féminines.