1. (...) La convergence organique de prêtres et de laïcs est l'un des terrains privilégiés sur lesquels prendra vie et se consolidera une pastorale imprégnée par ce "dynamisme nouveau" (cf. Lettre apost. Novo millennio ineunte, n. 15), auquel nous nous sentons tous encouragés après le grand Jubilé. Dans ce contexte, il convient de rappeler l'importance de la "spiritualité de communion" soulignée par la Lettre apostolique (cf. ibid., nn. 42-43).
2. Les laïcs, en tant que chrétiens, sont engagés à accomplir un apostolat missionnaire. Leurs compétences spécifiques dans les diverses activités humaines sont en premier lieu un instrument qui leur est confié par Dieu pour permettre "à l'annonce du Christ d'atteindre les personnes, de modeler les communautés, d'agir en profondeur par le témoignage des valeurs évangéliques sur la société et la culture" (ibid., n. 29). Ceux-ci doivent donc être encouragés à mettre de façon concrète leurs connaissances au service des "nouvelles frontières" qui s'annoncent comme autant de défis pour la présence salvifique de l'Eglise dans le monde.
Leur témoignage direct dans tous ces domaines montrera que seul dans le Christ les valeurs humaines les plus élevées atteignent leur plénitude. Et leur zèle apostolique, l'amitié fraternelle, la charité solidaire les rendront capables de transformer les rapports sociaux quotidiens en occasions pour susciter chez leurs semblables la soif de vérité qui est la première condition pour la rencontre salvifique avec le Christ.
Les prêtres, pour leur part, exercent une fonction primordiale irremplaçable: celle d'aider les âmes, une à une, dans les sacrements, dans la prédication, dans la direction spirituelle, à s'ouvrir au don de la grâce. Une spiritualité de communion valorisera au mieux les rôles de chaque composante ecclésiale.
3. Très chers amis, je vous exhorte à ne pas oublier dans tout votre travail le point central de l'expérience jubilaire: la rencontre avec le Christ. Le Jubilé a été une contemplation permanente et inoubliable du visage du Christ, Fils éternel, Dieu et homme, crucifié et ressuscité. Nous l'avons cherché dans le pèlerinage vers la Porte qui ouvre à l'homme la voie du ciel. Nous en avons expérimenté la douceur dans l'acte très humain et divin de pardonner au pécheur. Nous l'avons senti comme frère de tous les hommes, reconduits à l'unité dans le don de l'amour qui sauve. La soif de spiritualité qui est apparue dans notre société ne peut être étanchée que par le Christ.
"Non, ce n'est pas une formule qui vous sauvera, mais une Personne, et la certitude qu'elle nous inspire: Je suis avec vous!" (Lettre apost. Novo millennio ineunte, n. 29). Nous, chrétiens, devons ouvrir au monde, à chaque homme qui est notre frère, la voie qui conduit au Christ. "C'est ta face, Yahvé, que je cherche" (Ps 27 [26], 8). Cette aspiration revenait souvent sur les lèvres du bienheureux Josemaría, homme assoiffé de Dieu et pour cela grand apôtre. Il a écrit: "Que Jésus soit dans nos intentions, notre but; dans nos affections, notre Amour; dans nos propos, notre thème; dans nos actes, notre modèle" (Chemin, n. 271).
4. Le temps est venu d'abandonner toute crainte et de nous lancer vers des objectifs apostoliques audacieux. Duc in altum! (Lc 5, 4): l'invitation du Christ nous encourage à avancer au large, à cultiver des rêves ambitieux de sainteté personnelle et de fécondité apostolique. L'apostolat est toujours le débordement de la vie intérieure. Certes, il est aussi action, mais soutenue par la charité. Et la source de la charité se trouve toujours dans la dimension plus intime de la personne, là où l'on écoute la voix du Christ qui nous appelle à avancer au large avec lui. Puisse chacun de vous accueillir cette invitation du Christ à lui correspondre avec une générosité chaque jour renouvelée.
Samedi 17 mars 2001
Discours aux participants à la rencontre sur la Lettre apostolique "Novo
Millennio ineunte"