Le Centre a choisi cette année de confier la création à Marion Lécrivain, qu’ils avaient connue comme comédienne sur Jean la Chance de Bertolt brecht, en 2008. La jeune femme –qui n’en est pas à sa première mise en scène- a dépouillé l’œuvre de 850 pages du grand Victor Hugo pour en extraire la substantifique moelle qu’elle a traduit en une dizaine de tableaux.
Derrière Victor Hugo écrivain, dramaturge, poète, homme politique, académicien, intellectuel engagé, véritable monument de la littérature française, elle a réussit à faire apparaitre le conteur romantique grâce à un patient travail d’épure.
En résumé :
L’histoire se passe en Angleterre, à la fin du 17e siècle. Gwynplaine est un jeune garçon mutilé puis abandonné par les Comprachicos qui sont des trafiquants d’enfants. Il sauve de la mort Déa, un bébé aveugle. Tous deux sont recueillis par Ursus, un vagabond, bonimenteur et vendeur de remèdes, qui vit dans une roulotte avec son loup Homo. Quinze ans plus tard, ils ont monté une troupe de théâtre et connaissent un grand succès à Londres avec leur pièce Chaos vaincu. Du côté de la cour, Josiane, soeur de la reine Anne, est promise à David Dirry-Moir, fils illégitime tenu pour le seul héritier de Linnaeus Clancharlie, lord mort en exil. Une bouteille jetée à la mer par les Comprachicos quinze ans plus tôt, refait alors surface. Le parchemin qu’elle contient dénonce leur crime et révèle la vérité sur l’identité de Gwynplaine.
Rarement on a vu une scène aussi large, aussi profonde, occupant plus d’espace que celui dévolu au public. Les comédiens sont très proches du public qu’ils regardent les yeux dans les yeux. Trois conteurs surgissent de manière récurrente pour donner leur version des faits dans un élan choral qui installe l’émotion. Le dispositif pourrait être le pont d’un navire, une grève, l’agora antique, une pierre tombale démesurée. C’est toujours le théâtre et un théâtre où lyrisme et émotions sont en résonance avec l’actualité.
Les blessures semblent presque posées sur le visage de Gwynplaine, celui qui est cet Homme qui rit, comme on pose un sourire sur un enfant avant de le pousser à prendre les armes pour combattre dans une guerre que n’est pas la sienne nous dit Marion Lécrivain. Mais n’allez pas croire que la pièce adopte un ton toujours tragique.
L'Homme qui rit, au Centre culturel Jean-Houdremont
11, avenue du Général Leclerc 93120 La Courneuve Tél : 01.48.36.11.44.
Représentations à 20 heures 30 du mercredi au dimanche (jeudi 19 heures, dimanche 16 heures 30) jusqu'au dimanche 21 février.
Pour ceux qui craindraient de ne pas se repérer facilement le site du Centre dramatique dispose d'une carte que voici :
tél. 01 48 72 94 94, celle-là même où j'avais assisté à la création de la Fin d'une liaison.