L‘expérience inédite a été tentée par cinq journalistes issus des radios publiques francophones pendant une semaine, volontairement coupés du monde (et surtout des médias) avec à leur disponibilité l’usage exclusif des sites Internet Facebook et Twitter. Comment ces journalistes ont-ils pu saisir l’actualité nationale et internationale au travers de services Internet davantage soumis à la vindicte populaire qu’à la pure exploitation journalistique ?
L’heure du bilan a sonné pour l’expérimentation “Huis clos sur le net“. Une semaine à ne découvrir et apprécier l’actualité qu’au travers des réseaux sociaux et ainsi appréhender en vase clos le traitement ainsi que le volume des informations que ces sites peuvent diffuser par sur-médiatisation mais également par la diversité vertigineuse dont ils se font l’écho. En quelques mots, l’aventure s’est déroulée à cinq journalistes (Nicolas Willems, RTBF / Anne Paule Martin, RSR / Nour-Eddine Zidane, France Inter / Janic Tremblay, Radio Canada et Benjamin Muller, France Info) installés dans une ferme du Périgord.
La semaine est depuis terminée et les bilans commencent à poindre le bout de leur nez. L’un des enseignements des différents témoignages récoltés fait état d’un phénomène purement médiatique et du fait que même le web 2.0 ne peut pas contrecarrer celui de l’effet loupe. D’où une prise de recul nécessaire vis à vis de la multiplicité des diffuseurs et de l’engouement disproportionné qui peut en découdre.
Car à tendance de fond, appréhension du sujet moins évidente, d’où raréfaction des sources (au détriment de la qualité ? Vaste question) mais à question plus légère ou plus ouverte aux commentaires, le flot devient vague et tend à recouvrir tout un tas de particularismes d’informations diverses et variées.
Dès lors, ce test pose-il inévitablement le web 2.0 et ses outils comme ludiques plus qu’utiles dans la divulgation de l’information ? Pas nécessairement car en premier lieu c’est l’opportunité d’alerte qui est mise en avant, faisant de ces outils de véritables sirènes instantanées des moindres faits et gestes de la planète. Par ailleurs, cette semaine fait également émerger que les réseaux consultés demeurent le plus souvent endémiques de leurs propres membres (qu’il s’agisse de personnes ou d’organismes).
Mais alors, l’actualité brassée par un vivier unique (si important soit-il) ne perd-elle pas cette essence que la pluralité des dispositifs d’information peut apporter ? Par ailleurs, un autre point soulevé de cette semaine laisse voir qu’avec l’utilisation de ces outils, l’information est relayée plus qu’étayée puisqu’elle agit au sein d’un système étriqué faisant du développement un luxe inutile. Concision et échos règnent alors en maîtres incontestés.
Je vous invite à lire les conclusions individuelles ainsi que les extraits d’émissions dédiées de chacun des journalistes francophones ayant vécu cette première tentative unique au monde sur le blog dédié à l’opération.