Jonah Hex a été vendu par son père à une tribu apache alors qu’il avait treize ans. Éduqué à la dure par les indiens, il rejoint les confédérés pendant la guerre de sécession. De retour dans le camp apache après-guerre, il est défiguré par le chef de la tribu après avoir tué le fils de ce dernier. Dès lors, Jonah Hex sillonne seul l’ouest américain et devient chasseur de primes pour gagner sa vie. Ses talents de tireur et sa « gueule » inimitable en font une sorte de légende dont la seule évocation du nom fait frémir les despérados les plus endurcis.
Tous les clichés du western sont ici présents : le cow-boy solitaire fine gâchette, les saloons enfumés, les filles faciles, les rues poussiéreuses des villes champignons et la justice rendue sommairement. Il y a aussi et surtout une violence permanente, l’absence totale d’états d’âme chez la très grande majorité des protagonistes et des hectolitres de sang versés au fil des pages. Le héros est lui-même un tueur méthodique qui ne laisse transparaître aucune once d’humanité. Il n’y a peut-être que dans la première histoire du recueil que l’on décèle chez lui un semblant d’émotion (en même temps, c’est normal puisqu’il doit euthanasier un enfant agonisant dont les souffrances sont devenues insupportables. On peut comprendre que cet acte le bouleverse profondément !).
La série originelle publiée par DC Comics date de 1972. Dans ce volume sont réunis les douze premiers épisodes d’une nouvelle série publiée depuis 2006 aux Etats-Unis. Pour chaque épisode, le schéma est immuable ; un épisode complet en 22 pages. Tout cela ressemble beaucoup à une série télé. Le problème, c’est que chaque épisode est illustré par un dessinateur différent. Or il n’y a pas vraiment d’homogénéité graphique et c’est un souci pour la cohérence du recueil. Le fait qu’il n’y ait aucune continuité scénaristique entre les histoires ne plaide pas non plus en faveur de l’ensemble. Résultat : les épisodes sont aussi vite lus qu’oubliés.
Les amateurs de violence (presque) gratuite et les fans de western spaghetti y trouveront surement leur compte. Pour ma part, je préfère me replonger dans la lecture de la série Durango d’Yves Swolfs. Décidément, même si je ne déteste pas m’égarer sur les chemins inconnus des comics ou des mangas, je reviens toujours à cette bonne vieille BD franco-belge qui me berce depuis l’enfance. Que voulez-vous, on ne se refait pas !
En conclusion, ce Jonah Hex m’aura laissé de marbre. Mais après tout, quoi de plus normal pour un personnage aussi froid.
PS : Je vais encore pousser un coup de gueule contre le prix exorbitant de cette publication. Les quelques lecteurs réguliers de ce blog (on peut les compter sur les doigts d’une main !) savent que je peste régulièrement contre le prix trop élevé de certains livres. Mais là franchement, 29 euros pour un recueil broché au dos collé carré, il ne faut pas se moquer du monde. Bien sûr, il y a près de 250 pages, bien sûr l’éditeur annonce fièrement sur son site que « ce titre inaugure une nouvelle ère pour la collection Big Book, celle d'un papier de qualité supérieure », il n’empêche. Aux Etats-Unis, les Trade Paper Backs (Réédition en intégrale des fascicules parus individuellement) de Jonah Ex réunissent seulement 6 épisodes pour moins de 15 dollars. Pourquoi n’avoir pas publié un recueil identique en France. Cela m’aurait suffi pour voir que cette série ne me convenait pas et j’aurais économisé 15 euros.
Jonah Hex T1 : Le colt de la vengeance, de Justin Gray et Jimmy Palmiotti, Éditions Panini Comics, 2010. 29 euros.
L’info en plus : En juin 2010 doit sortir aux Etats-Unis un film tiré du comics. C’est Josh Brolin qui tiendra le rôle de Hex. Le casting réunit également Mégan Fox et John Malkovic. Je ne pense pas que je courrais le voir…