Toujours la même rengaine. Oh, 2010, tu commences à me gaver. J'ai une grosse envie de claquer la porte. Je ne rejette pas la faute sur les autres, je ne me cherche pas d'excuses, mais franchement, ça va pas du tout. Grosse fatigue, coup de vieux, je sais pas. Il y a trop de choses, trop de choses, il y a trop de gens. Pas assez de temps. Je suis pas seul à être dans la merde, mais je suis tout seul dans ma merde. Des erreurs que j'ai faites, des choses que je contrôlent pas, et un mauvais pressentiment, comme si ça ne se terminera jamais. Des chaînes de tous les côtés, des obligations, des engagements et un tas de nuages à l'horizon. Alors parfois, je retrouve le sourire, je suis optimiste. Je pense à l'avenir, je me dis que de belles choses m'attendent, que je suis capable de m'accomplir, au final, plus tard, quand il fera beau, quand tout ira mieux, au printemps, l'été prochain, oh oui, tout ira mieux. Et puis la pluie retombe. Tout est gris. Des gens meurent autour de moi. Des gens ont des problèmes, et je suis impuissant. Je perds mon temps et j'accumule un gros tas de merde dans un coin de mon esprit. Alors j'écris, j'écris. Et ce doit être fatiguant pour vous de lire tout ça, comme si vous tombiez par hasard sur le journal intime d'une adolescente qui se plaint tout le temps. Veuillez me pardonner.
Dimanche soir. Je me repose. C'est devenu tellement rare ces moments de calme, où je peux écrire, et projeter ma mélancolie dans de jolies chansons, triste comme il faut, pleines de larmes et d'histoires tragiques. Ma période Dylan et rien que Dylan s'est achevé pour le moment, elle reviendra. Pour le moment, je découvre, je reviens à d'autres vieux compagnons. Mick Jagger et sa clique sont de la partie ce soir, et je me réecoute toutes leurs ballades, leurs slows, de "As Tear Goes By" à "Wild Horses", en passant par quelques perles dissumulés sur leur album les plus médiocres, comme ce "Memory Motel" long de sept minutes, ou la dégoulinante "Till the Next Goodbye". Karen Dalton regarde timidement le spectacle, Tom Rush chatouille sa guitare dans un coin de la pièce, tandis que Phil Ochs fixe le ciel à travers la fenêtre. Tout le monde est venu me réconforter, ça fait chaud au coeur. Mais demain, ils ont auront tous disparu et il faudra recommencer, se forcer, affronter le froid et la pluie, trouver le courage, remettre à plus tard, la joie, la légereté, le bonheur.
Bonne nuit.